IMAGES D’EPINAL

Sur la rive droite de la Moselle s’étend le vieil Epinal. Découvrez la Basilique Saint-Maurice bâtie en grès rose des Vosges. Cet édifice de transition entre roman et gothique mêle style rhénan, bourguignon et champenois. En pénétrant par le portail des Bourgeois à l’Ouest, le visiteur admire une nef s’élevant à 14 mètres de hauteur !

Jusqu’à la Révolution Française, un chapitre de chanoinesses était établi dans la Cité. Promenez- vous dans le quartier du Chapitre, situé à deux pas de la Basilique afin de découvrir les maisons canoniales des 16ème et 18ème siècles aux façades colorées et l’emplacement de l’ancien cloître. Les plaques et blasons au-dessus des portes de chaque demeure rappellent le nom des dernières chanoinesses qui y ont habité. A proximité subsiste une partie de l’enceinte médiévale érigée au 13ème siècle en grès des Vosges (75 m de remparts et 3 tours). L’ une des tours renferme le Musée historique et archéologique de la ville.

LES CELEBRES IMAGES…

Une petite fabrique des Vosges a totalement transformé l’industrie de l’image. Au point de donner naissance à l’ancêtre de la bande dessinée. Balade historique au cœur de cet art populaire… Qui n’a pas été bercé dans son enfance par les images d’Epinal ? Entre les devinettes, les contes ou les jeux de l’oie, vous en avez sans doute eu entre les mains. En attendant voici un petit retour historique sur cet ancêtre de la bande dessinée.

Jusqu’au 18ème siècle, les icônes de saints constituaient les seules images populaires circulant dans le royaume. De nombreuses images provenaient d’ateliers installés dans la région vosgienne réputée pour ses forêts. En particulier à Épinal, une ville fortifiée lorraine au bord de la Moselle, déjà renommée pour la qualité de ses papiers et de ses cartes à jouer qui se vendent au-delà des frontières du duché.

Dès 1776, alors que le Duché devient français, on assiste à la lente disparition des cartiers d’Epinal. Parmi ces artisans, Jean-Charles Pellerin, un entrepreneur ambitieux crée en 1796 l’imagerie Pellerin à partir de la petite fabrique de son père. Grâce au lancement, en 1800,  d’une imprimerie typographique, la diversification est en marche.

DE LA POLITIQUE A L’EDUCATION DES ENFANTS

Après avoir imprimé en grand nombre des cartes et des images religieuses Pellerin se lance dans la production à la gloire de l’Empire.  Pour dessiner Napoléon et la famille impériale, l’imagerie Pellerin utilise la gravure sur bois. Puis elle colore les images avec des pochoirs. De 1809 à 1814, elle édite 38 titres à la gloire de l’Empire, selon les historiens. 

Mais le vent tourne sur le plan politique. Dès la Restauration de 1815, l’estime de l’Empire rend suspect Jean-Charles Pellerin. Il reste à cet entrepreneur spinalien de passer de la « propagande napoléonienne », à un thème nettement plus consensuel : l’éducation morale des enfants. La fabrique illustre des contes, des récits simples, des fables. Par exemple, la fable du Petit Chaperon rouge est présentée pour « l’amusement des enfants et la tranquillité des parents ».  Dans l’édition de productions encore plus divertissantes, figurent le célèbre jeu de l’oie, des planches à découper, des théâtres à découper et à monter…

Traditionnellement les images d’Epinal présentent un format de 30 cm sur 40. Leurs caractéristiques : un style simple, des couleurs primaires vives, des personnages montrés de trois-quarts, une action lisible rapidement.

Dès 1840, Pellerin édite de nombreuses planches composées de 16 ou 20 vignettes, surtout des historiettes morales et des contes. « L’imagerie d’Epinal, c’est l’histoire en tablettes, à la portée de tous » commente un spécialiste.

La gravure sur pierre s’impose dans les années 1850, ce qui permet de produire plus et à moindre coût. Lors de la 3ème République, les images célèbrent l’armée française à une époque de l’expansion coloniale et des rivalités européennes.  Reste que la grande période de cette imagerie qui fonctionne encore, s’arrête aux années 1930.

L’image d’Epinal, une référence…

A la fin du 19ème siècle, l’image d’Epinal est devenue un genre, puis une expression englobant des œuvres sur papier provenant de cette fabrique d’Epinal. Mais également d’autres fabriques basées notamment à Wissembourg (Bas Rhin) ou à Montbéliard (Doubs).  Bref, l’image d’Epinal est devenue un terme générique pour désigner toute image populaire d’une même esthétique. Aux yeux de nombreux spécialistes, elle constitue même l’ancêtre de la bande dessinée !  Le récit en séquences illustre bien la BD avant la BD où l’illustration domine sur le texte.

En raison de cette réputation, le Musée de l’Image à Epinal présente une collection unique en France.  « Avec nos 110.000 pièces comprenant essentiellement des images, nous représentons la troisième collection en France, après la Bibliothèque Nationale de Paris et le MUCEM (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée) à Marseille.  Notre collection est la seule à être proposée en exposition au public » explique Christelle Rochette. Arrivée en août 2019, la nouvelle conservatrice de ce musée municipal qui reçoit quelque 18.000 visiteurs par an. D’ailleurs la scénographie du 1er étage abritant la collection permanente devrait faire prochainement l’objet d’un lifting afin d’être plus interactive.

En attendant entre cette collection et les expositions temporaires, petits et grands peuvent admirer actuellement près de 500 œuvres d’imagerie populaire.


Texte de Martine DENOUNE

Photos : Collection Musée de l’Image – Ville d’Épinal ©Musée de l’Image et d’Epinal Tourisme


 EPINAL PRATIQUE

Le pays d’Epinal Cœur des Vosges appartient au réseau national des villes et pays d’art et d’histoire. Outre le tourisme culturel, Epinal mise aussi sur les randonnées à pied ou à vélo. Avec plus de 600 kilomètres de chemins répartis sur des itinéraires simples ou plus difficile, autour d’Épinal, chaque randonneur peut y trouver son compte…

Site : tourisme-epinal.com

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