Savoie : le Val d’Arly
Connaissez-vous le Val d’Arly ? C’est le trait d’union entre la Savoie et la Haute-Savoie. Il se situe au pied du Mont Blanc entre la combe de Savoie et la vallée de l’Arve et a toujours été un axe majeur de communication. Nous sommes à 15 km de la mythique Megève, à 8 km du Col des Saisies et à 30 minutes d’Albertville et de Sallanches. Le Val d’Arly se compose de 6 communes : Cohennos, Crest-Voland, Saint-Nicolas-la-Chapelle, Notre-Dame-de-Bellecombe, Flumet et La Giettaz (prononcer « La Giett’ »). Ici, c’est le pays des vaches laitières si généreuses en lait que leurs éleveurs produisent les meilleurs fromages de France : Reblochon, Beaufort, Tomme, Raclette… Embarquement immédiat pour ces alpages préservés et ces villages traditionnels qui ont su garder toute leur authenticité !
Le village de Crest-Voland qui sera notre pied-à-terre à l’hôtel « Caprice des Neiges » occupe une position médiane sur le versant sud de la moyenne vallée de l’Arly en balcon des gorges et à 1.230 m d’altitude. En hiver, son domaine skiable « Crest-Voland / Cohennoz », entièrement tracé sur le Mont Lachat (1650 m), s’intègre à l’Espace Diamant et ses 192 km de pistes partagées.
Commencer le séjour par la Tête du Torraz, Chaucisse et son église baroque
Nous voici à Chaucisse, commune de Saint-Nicolas-la-Chapelle, à 1930 mètres d’altitude afin de faire une pause au sommet avant d’attaquer le VTT. Ici, un joli chalet d’alpage nous accueille « L’authentique » pour déguster les produits du terroir : beignets de patates, farcement, charcuterie…
A deux pas, voici l’église baroque : Yves, le conférencier nous raconte l’historique de cette église qualifiée de « baroque savoyard ». « On y a trouvé, dit-il, une malle riche de 3000 documents… En 1815, Joachim Dumax-Baudron – originaire de Chaucisse – parti s’enrichir à Paris, décide de léguer une chapelle et une école à son hameau. La chapelle, dédiée à saint François de Sales (Evêque de Genève et patron des journalistes !) est construite en 1818. Le toit en tavaillons (« tuiles » de bois) et les murs peints ont été restaurés. Les sculptures du rétable ont été peintes sur place ».
Rouler à VTT à la rencontre de Vincent, éleveur laitier…
Après s’être familiarisés avec nos vélos, nous voilà prêts à affronter les dénivelés… Il faut dire que l’assistance électrique est un atout formidable pour limiter l’effort en montée ! Nos guides, Sylvain et Freddy proposent diverses prestations (Site : alpesaventures.com) correspondant aux capacités physiques de chacun, de la balade « goûter » pour la famille aux descentes techniques pour les plus initiés. Nous opterons pour une difficulté très moyenne qui nous conduira jusqu’à l’alpage de Vincent offrant un large panorama sur la chaîne du Mont Blanc.
Vincent monte à l’alpage de mai à octobre avec ses 35 vaches laitières, de races Abondance et Tarine qui évoluent sur un espace de 50 hectares. « Nous ne fabriquons pas ici, dit-il, nous sommes seulement à 7 km de la coopérative sur les sentiers accessibles aux 4×4. Tous les jours je descends 500 litres de lait qui seront transformés en Beaufort ou Reblochon. Ici le rythme de la vie se confond avec celui des vaches et leur traite deux fois par jour. Il y a aussi la naissance des veaux qui sont immédiatement séparés de leur mère et élevés à part. Ceux de sexe féminin seront gardés pour devenir de futures laitières. Les autres partiront pour être engraissés »…
La Tourbière et le sentier des Arpelières
Pour finir une journée bien remplie, nous voici à la Tourbière des Saisies-Beaufortain-Val d’Arly, réserve naturelle située sur le plateau du Lachat et précisément sur le sentier d’interprétation des Arpelières. Pascal et David sont nos guides sur ce parcours ludique et pédagogique où la majorité de la progression se fait sur des caillebotis de bois dont il ne faut absolument pas sortir afin de préserver la faune et la flore. Plusieurs circuits plus ou moins longs sont proposés (gratuitement !) aux visiteurs.
« Le site est constitué de milieux diversifiés : forêts de conifères (59%), prairies humides et pelouses ou encore zones humides telles que marais tourbeux et tourbières à sphaigne (sorte de mousse) datant de 12.000 ans ! La forêt a pour particularité de compter un nombre important de bois mort : la chouette chevêchette et la chouette de Tengmalm en profitent pour loger dans les cavités creusées par les pics pour y faire leur nid. De nombreux animaux peuplent la tourbière : libellules, fourmis rousses, chauve-souris oreillard montagnard, amphibiens…
Tous s’adaptent aux conditions extrêmes dit Pascal, froid, manque de nourriture, saison de végétation courte, milieu acide… Animaux comme végétaux ont des exigences écologiques très précises et nous veillons à les faire respecter ». L’hiver, la tourbière est le domaine de pistes de ski nordique. Une bien belle balade à ne pas rater lors d’un séjour dans le Val d’Arly ! (Site : reserve-regionale-tourbiere-des-saisies.com)
La Coopérative fruitière de Flumet
La Coopérative Fruitière de Flumet réunit 80 producteurs de lait en gestion directe. Ces coopératives existent depuis plusieurs décennies (années 60) et désignent des ateliers dans lesquels les paysans mettent en commun le lait de leur troupeau pour le transformer en fromage. Excellent moyen de conserver le lait riche de l’été pour l’hiver, en le transformant en grosses meules de fromage à pâte pressée cuite qui ont l’avantage de se conserver longtemps et de se bonifier avec le temps et qu’on appellera des « fromages de garde ».
Le lait des fermes en Val d’Arly Savoie Mont-Blanc est acheminé chaque jour, dans les ateliers de Flumet où les fromages sont fabriqués selon un savoir-faire traditionnel. La collecte s’effectue entre le lac d’Annecy, le Val d’Arly et le Pays du Mont Blanc. La Coopérative a la particularité d’être en zone Reblochon AOP et Beaufort AOP, ce qui la rend unique. Elle fabrique aussi la Tomme de Savoie IGP et la Raclette de Savoie IGP. Par exemple, concernant le Reblochon, le lait utilisé ne peut provenir que de 3 races de vaches : Abondance, Montbéliarde et Tarine.
A la Coopérative fruitière de Flumet, un petit écomusée interactif permet aux visiteurs de mieux comprendre les fromages dans toutes les étapes de leur fabrication, de la traite des vaches au produit fini : Il faut savoir qu’une meule de Beaufort de 40 kg requiert 400 litres de lait ! On vend aussi les fromages en ligne : coopflumet.com
Le « Toî du Monde »
Offre agrotouristique unique dans le Val d’Arly, cette ferme familiale de 5 hectares héritée de la grand-mère de Florent Perrin, a fait l’objet d’une impressionnante rénovation pour devenir un éco-gîte-restaurant où l’on retrouve dans les assiettes produits locaux et légumes du jardin. Ouvert depuis 3 ans, l’établissement propose une carte – évoluant en fonction de la saison – élaborée par le Chef Thomas Tricault (Etoile Verte au Michelin) qui a fait ses classes chez des étoilés parisiens. De nombreux concerts se déroulent tout au long de l’été dans la belle grange restaurée ainsi que des soirées « tapas »…(Uniquement sur réservations). Le gîte peut être privatisé jusqu’à 20 personnes. « Ma démarche, dit Florent Perrin, est de me positionner en qualité de client : si je vais au restaurant qu’ai-je envie d’y trouver…Pourquoi le Toi du Monde ? C’est un mélange du toi et moi et de la montagne. Un lieu où les gens de passage se connectent avec les habitants du pays, où les jeunes viennent boire un verre avec des plus anciens » Site : letoidumonde.com
Rando à l’alpage du Chalet Blanc au-dessus de La Giettaz
En ce début d’après-midi, nous prenons la Route des Chalets qui accueillent l’estive en compagnie de Clément, accompagnateur en montagne, pour rejoindre le Chalet Blanc de la famille Bouchex.
D’abord tranquille, la balade devient plus physique quand le dénivelé s’en mêle ! Chacun son rythme pour grimper dans un sentier pierreux qui laissera ensuite la place à une prairie pentue. Nous voici arrivés au sommet (1.500 m) : il est l’heure, pour Clément, de sortir la lunette d’observation à la recherche des chamois et autres mouflons qui déambulent à travers les rochers. Ils sont bien là – à travers l’objectif – à gambader tout en haut ! Ici, au croisement de nombreux chemins de randonnée, « Le Megevan » est le seul refuge où les marcheurs pourront prendre quelque repos !
Martine Bouchex et ses deux fils Thomas et Loïc gèrent l’entreprise familiale GAEC La Tête du Torraz. Ils nous accueillent à l’alpage du Chalet Blanc. S’ils fabriquent le reblochon, ils ont aussi créé leur propre fromage « Coeur des Aravis », un véritable régal aux saveurs de Beaufort et d’Abondance ! Ils vendent leur production en direct et sont en train de créer une nouvelle boutique à Flumet pour diversifier leur offre.
Thomas s’occupe des vaches. « C’est dans son ADN depuis qu’il est tout petit, dit sa mère ». Il a fait ses études au lycée agricole et connait leur généalogie, leur caractère… « Physiquement elles ne se ressemblent pas pour moi poursuit-il… Les vaches sont intelligentes et câlines. Quand nous étions petits ça nous amusait de leur trouver des noms… Entre elles y a une hiérarchie. Devant on a les meneuses et à l’arrière les dominées. Cette année c’est « Californie » qui mène le troupeau… depuis 10 ans d’ailleurs ! Elle est âgée de 15 ans ». Le gros problème pour Thomas c’est qu’à un moment il faut se séparer… J’espère toujours que ça se passe le mieux possible… Pour nous fabriquer à la ferme est plus viable. Nous montons à l’alpage fin mai jusqu’à septembre. Ici, l’estive s’appelle l’emmontagnée. Nous avons une trentaine de vaches Tarine, Abondance et Holstein. Notre production majeure est le reblochon (50%). Nous sommes bien en montagne, nous avons de beaux produits, il faut en parler ! ». Thomas a 25 ans. C’est un passionné, de sa montagne mais aussi de ses bêtes : un véritable espoir pour l’avenir des petites exploitations traditionnelles et leur pérennité dans un monde toujours plus industrialisé ! GAEC La Tête du Torraz/ Mail : gaeclatetedutorraz@gmail.com
Rando « Plantes médicinales et comestibles » avec Sandrine
Notre ultime balade nous a conduits au Col des Aravis où nous avons rencontré Sandrine, accompagnatrice en montagne, monitrice de ski et peintre sur bois ! Une chouette balade de 2 heures où Sandrine initie les vacanciers aux bienfaits mais aussi au danger des plantes : «Au col des Aravis on trouve une variété exceptionnelle de plantes, dit-elle. Plus on monte en altitude plus on trouve des plantes médicinales et intéressantes. Mais il faut faire attention aux plantes toxiques et aux plantes protégées. Tout ce qui est bas risque d’être contaminé par le renard : il faut faire cuire la plante pour la débarrasser de tout élément dangereux…
Par exemple, le verâtre est une plante toxique ressemblant étrangement à la gentiane qui, elle, est protégée car il lui faut 8 ans pour faire une fleur ! Chaque plante a beaucoup de propriétés : cicatrisante, digestive, anti-inflammatoire apaisante… Tout dépend du dosage ! Il faut ramasser les plantes sèches au soleil, jamais humides… Par exemple, la réglisse à long terme peut provoquer de l’hypertension, l’aubépine est toxique pour le foie ou l’armoise contre-indiquée pour les femmes enceintes… » Sandrine a quelques recettes personnelles dans son sac à dos qu’elle fera tester à ses hôtes lors d’une halte « marmottes » ! La balade est proposée par l’O.T. de La Giettaz (04 79 32 91 90) / Mail : info@la-giettaz.com
La Fondation pour l’Action Culturelle Internationale en Montagne
Destination touristique au carrefour de trois massifs, le Val d’Arly n’en conserve pas moins ses traditions et son héritage patrimonial. Intégré au Pays d’Art et d’Histoire des Hautes Vallées de Savoie depuis 2006, au même titre que le Beaufortain, la Maurienne et la Tarentaise, le Val d’Arly fait vivre et perdurer son histoire. La Fondation pour l’Action Culturelle Internationale en Montagne (FACIM) ainsi que sa trentaine de guides conférenciers agréés sont en charge de l’animation de ce pays d’Art et d’Histoire. Conférences, lectures, ateliers pédagogiques, projections de films, visites guidées, dégustations… Plus d’infos sur : valdarly-montblanc.com/patrimoine
Site général : valdarly-montblanc.com
Reportage Texte et Photos Dany Antonetti / Copyright Juillet 2022
CARNET DE VOYAGE
Hôtel « Le Caprice des Neiges » à Crest-Voland
Des chambres à la déco savoyarde traditionnelle pour un chalet qui surplombe les Aravis. Bar, cheminée, piscine panoramique intérieure et un restaurant à la cuisine créative attachée à l’authenticité où les produits du terroir sont revisités par le chef Florent Roy. Une belle adresse ! Site : hotel-capricedesneiges.com
Les Recettes de Rachel : Rachel est une savoyarde (La Giettaz) qui prépare vos pique-nique, réceptions, des plats à emporter tous élaborés en circuit court avec les produits du pays. A découvrir : lesrecettesderachel.fr
*** Merci à Maïlys de l’agence Clair de Lune pour l’organisation de ce reportage et à Perrine Bouchex, responsable de la communication O.T. Val d’Arly pour son accueil si chaleureux au sein de sa famille.