USA : Aux sources de la Musique Américaine
De Memphis à Nashville en passant par New-Orleans,
Toute la musique qu’on aime !
L’héritage africain du Mississippi, c’est l’histoire d’un peuple ayant triomphé des tragédies. Les premiers esclaves qui arrivèrent en Amérique vers 1719 avec leur culture ont aussi amené un état d’esprit et se sont battus pour obtenir l’égalité des droits pour la nation toute entière. Le «Delta Blues» est né du chant des esclaves travaillant dans les plantations. Ses pères sont Robert Johnson, Son House, Charlie Patton, B.B. King, John Lee Hooker, Mississippi John Hurt ou encore Muddy Waters.
On vient aussi ici, bien sûr, pour suivre les traces d’Elvis depuis Tupelo, petite ville du Mississippi où il est né, jusqu’à Memphis (dans le Tennessee proche) où il a grandi.
Memphis Tennessee, là où tout a commencé…
Le Général Jackson baptisa Memphis, en 1819, en référence à l’ancienne cité égyptienne située près du Nil. Et puisque Memphis était apparentée à l’Antiquité, il lui fallait une pyramide pharaonique : «Just do it»… C’est la plus grande du monde et elle sert de salle de concerts, aux rencontres sportives ou autres événements.
«Dans la recherche des racines de la musique américaine, toutes les routes convergent à Memphis»
Memphis, c’est «The Bluff City», la ville du défi, mais c’est aussi le berceau du «Delta Blues» (Le premier musicien-culte en est W.C. Handy Park célèbre pour le «Saint-Louis Blues» ou le «Memphis Blues») dont l’histoire est liée à celle du Sud et au combat des Noirs pour l’égalité. Memphis c’est encore la patrie du Rock’and Roll avec la présence mythique d’Elvis Presley pourtant disparu depuis bientôt 40 ans ! En effet, puisque tout a commencé ici : «This is where it all began» dit le dépliant de «Sun Studio», c’est par là que nous débuterons aussi notre itinéraire sur les traces de la musique américaine !
Sun Studio…
Nous sommes en juillet 1954 et le manager du studio d’enregistrement «Sun Studio», Sam Phillips, qui promotionne uniquement des chanteurs noirs, voudrait bien trouver un blanc qui puisse chanter comme eux… Arrive Elvis qui combine pour la première fois les accents du blues, du gospel, de la country à un physique de gravure de mode et l’insolente insouciance de la jeunesse… Elvis a 18 ans et enregistre son premier «single» qu’il paie trois dollars… Il est remarqué par Marion Keisker, la «chercheuse de talents» qui en parle vite à Sam Phillips… Quelques temps après, «That’s all right Mama» fait un malheur tandis que toutes les radios s’arrachent sa programmation. En moins de deux ans Elvis est une star planétaire ! Rappelons qu’Elvis a enregistré 5 titres à Sun Studio dont «Mystery Train» avant de rencontrer le fameux «Colonel» Parker plutôt impressario que Colonel… qui managera son image de 1955 jusqu’à sa mort.
La visite de Sun Studio explique les débuts de B.B. King (The Blues Boy King) (mort en 2015) et qui possédait une boîte au 143 Beale Street «B.B. King Blues Club», les carrières des plus grands y sont retracées comme celles de Jerry Lee Lewis qui fut le premier à transformer le piano en instrument de rock, Carl Perkins, Roy Orbison, Johnny Cash, Ike Turner ou encore le pionnier Howling Wolf.
Le musée possède la première guitare d’Elvis qui lui avait été offerte pour ses onze ans ainsi qu’une collection de disques d’or, objets ayant appartenu au King, extraits de sa première émission télévisée en 1956, et surtout le studio d’enregistrement, laissé tel quel depuis que ce lieu mythique a fermé en 1959 puis rouvert en musée en 1987.
Pour rester dans l’ambiance blues, il faut déjeuner à Huey’s (77 South Second Street) qui remporte le Trophée du «Meilleur Burger de Memphis» depuis 1984 ! Ce restaurant, propriété de Thomas Boggs, ancien batteur du groupe Box Tops, a l’originalité d’être tagué sur tous les murs par tous ceux, anonymes ou célèbres, qui y ont mangé. Mais encore plus fun, la coutume est quand on a fini son repas, de se munir d’une sarbacane pour fixer son cure-dent au plafond en signe de satisfaction ! Aussi bien que des centaines de bâtonnets de bois blond adhèrent à la mousse noire, donnant un air étrange de stalagtites… Lorsqu’Andrea Perry, responsable des médias à Memphis m’avait écrit qu’il faudrait «Shoot your toothpick into the ceiling with other greats !» j’avais été incapable de trouver une traduction sensée…
«La Marche des Canards» de l’Hôtel Peabody…
Le Peabody à Memphis est le plus grand hôtel mythique du Sud des USA créé par le Colonel Brinkley en 1869. Il l’appela ainsi pour honorer la mémoire de son ami humaniste, George Peabody. Les hôtes du Peabody furent les Présidents des USA, les maîtres des plantations, William Faulkner ou encore Charles Lindberg. Mais l’hôtel d’origine ferma en 1923. Il fut reconstruit en 1925 sur les plans d’un architecte de Chicago avec 625 chambres et abrita entre les années 30 et 40, l’une des radios nationales les plus renommées. Les soirées jazzy organisées sur le toit demeurent mémorables… Dans les années 30, Frank Schutt, Directeur de l’hôtel, et son ami Chip Barwick reviennent bredouille et ivres d’une partie de chasse dans l’Arkansas. Ils ont alors l’idée de mettre de faux canards (leurres de chasse) dans la fontaine de marbre du lobby (hall) de l’hôtel… Et comme ces canards font sensation, il est décidé d’en mettre des vrais ! Tous les jours à 17 heures a lieu (devant une foule de touristes enthousiasmés) la marche des canards : ceux-ci se voient dérouler le tapis rouge jusqu’à l’ascenseur.
Ils sortent dignement de leur bassin de marbre, en s’ébrouant un peu quand même, pour prendre l’ascenseur et regagner leur résidence principale au 13ème étage sur le toit de l’hôtel où est aménagé leur domicile nocturne. Tous les jours à 11 heures du matin, cérémonie en sens inverse… Finalement, il en faut peu pour créer un événement international… Après la cérémonie des canards, il faut balader dans la galerie du Peabody et s’arrêter sur la Boutique Lansky’s, le dernier tailleur d’Elvis qui propose des chemises et autres accessoires délirants à des tarifs correspondants…
Après dîner, la descente de Beale Street est obligatoire ! Il faut savoir que la rue où commença le blues abritait, dans les années 60, une population laborieuse et qu’elle était devenue insalubre… Elle fut donc rasée et reconstruite une décennie plus tard sur le modèle de celle des années 20. Pourtant, avec ses néons et son animation, elle ne donne pas l’impression d’un décor de théâtre : la reconstitution est réussie ! Il faut s’attarder de porte en porte pour apprécier les décibels du blues… Il faut aussi fouiller chez Schwab, une boutique incroyable possédant un bric-à-brac hallucinant dont la devise est «Si vous ne trouvez pas ce que vous cherchez chez Schwab, vous ne le trouverez nulle part ailleurs». Un véritable inventaire à la Prévert où l’on peut aussi bien acheter un truc utile que l’objet le plus ringard et kitsch qui soit !
Le Memphis Rock’n’Soul Museum et la Gibson Guitar Factory
La tête pleine des musiques du musée, on descend le grand escalier pour aller visiter, au rez-de-chaussée, la manufacture de guitares Gibson dont le son exceptionnel enchante des générations de musiciens depuis 1894. Le slogan est «Only a Gibson is good enough» (Seule une Gibson est assez bonne…). Il sort 60 guitares par jour de l’atelier de Memphis. Un travail entièrement artisanal puisqu’il faut deux semaines pour fabriquer un seul instrument. Il y a 16 modèles, tous électriques (les acoustiques sont fabriquées dans le Montana) coûtant entre 1.400 et 6.000 dollars, suivant le modèle. Sur toute la production, entre 10 et 15% des instruments sont jetés au test de sonorité : Gibson, avec sa réputation, ne peut pas se permettre un son médiocre ! Le bois utilisé est l’érable américain mais le modèle «Lucille»adopté par B.B. King se pare d’une façade d’ébène et d’incrustations de nacre. Chaque guitare reçoit entre 9 et 12 couches de peinture et 60 employés oeuvrent à la production de la guitare mythique.
Rendez-vous au Lorraine Motel
Pour continuer à explorer ce Sud, sa musique et son évolution sociale, il faut prendre le Trolley pour aller au National Civil Rights Museum au Lorraine Motel où fut assassiné Martin Luther King le 4 avril 1968. La façade du motel est restée intacte et le balcon de la chambre 307 où Martin Luther King s’adressait à une foule de plus de 3.000 personnes quand il a été abattu, s’orne d’une couronne de fleurs rouges. En dessous, sa voiture, figée en élément historique… Son discours commençait ainsi «Something is happening in Memphis, something is happening in our world…» (Il est en train de se passer quelque chose à Memphis et dans notre monde…). Mais sa plus célèbre déclaration, l’immortel «I have a dream» (J’ai un rêve), le leader noir non-violent l’avait faite à Washington le 28 août 1963 devant plus de 250.000 personnes recueillant un impact médiatique mondial par lequel l’opinion publique internationale avait pu prendre connaissance de la situation faite aux noirs dans le pays des libertés… Le Président John Kennedy militait aussi pour l’égalité blancs-noirs, mais il était assassiné à Dallas en novembre de la même année…
Ce musée, pédagogique et émouvant, retrace toute la lutte du peuple noir pour se libérer de ses chaînes depuis l’époque de l’esclavage jusqu’à nos jours. On y comprend le climat qui régnait à l’époque de cette ségrégation, par le jeu de l’interactivité : on peut prendre la place d’un noir dans le bus (au fond) ou encore s’asseoir à la table d’un bar et assister à un lynchage… Décidément, il ne faisait pas bon vivre «bronzé» dans ce Vieux Sud même bien longtemps après le règne des planteurs !
Sur la plaque du mémorial à Martin Luther King, des phrases tirées de la Genèse et en partie tronquées (d’où l’immense difficulté pour traduire…) : «Ils se dirent : voici le faiseur de songes qui arrive… Venez, maintenant tuons-le…et nous verrons bien ce que deviendront ses rêves»
Juste après le Lorraine Motel, on mangera un morceau ou prendra un pot à Arcade Restaurant(540 S.O. Main Street) où Elvis avait l’habitude de venir passer quelques moments. On s’installera même avec nostalgie à sa table préférée ! C’est le plus vieux restaurant de Memphis créé en 1919 par le grand-père du propriétaire actuel d’origine grecque, Speros Zepatos. Jusque dans les années 60, ce restaurant eut un grand succès car situé en face de la gare. Mais le déclin du train et l’exode des commerces du quartier entraînèrent sa fermeture. Dans les années 80, il renaît de ses cendres et obtient un nouveau départ en étant déclaré «monument historique». Depuis, il fait partie des lieux incontournables à visiter dans la capitale du Blues.
On rejoindra le centre ville pour aller dîner au plus fameux BBQ de Memphis, célèbre depuis 1948 : « The Rendez vous » au 52, Second Street (En face de l’hôtel Peabody). Un lieu typiquement américain à la décoration complètement surchargée et hétéroclite où grouillent des dizaines de consommateurs. Des «réclames» de Coca Cola à celles de Budweiser… des vieilleries de tous ordres à une collection d’armes… Tout et n’importe quoi est exposé dans ce restaurant. A noter : on y sert aussi du vin, les ribs sont excellents et les prix raisonnables.
Graceland, le Domaine du King
Naturellement, il ne saurait être question de venir à Memphis sans visiter Graceland (domaine érigé en 1939 dans le style des plantations), la luxueuse propriété qu’Elvis avait achetée pour ses parents en 1957 (il n’avait alors que 22 ans) et dans laquelle il a vécu puis est mort le 16 août 1977. Graceland est située sur l’Elvis Presley Boulevard. C’est le lieu des USA le plus visité après la Maison Blanche… Le Tour guidé commence par l’intérieur de la maison (audiophone en Français) où l’on parcourt quelques pièces comme la salle à manger et la cuisine, le salon de musique, la salle de jeu, le salon de télévision, la Jungle Room (ou pièce de la jungle) entièrement décorée «Africain kitsch» ou encore la chambre de la grand-mère, morte la dernière dans la chronologie. L’étage est privé et la chambre d’Elvis aussi…
En 1967, lors de son service militaire en Allemagne, Elvis rencontre Priscilla Beaulieu et l’épouse. Son unique enfant, Lisa-Marie naît en janvier 1968. Il revient sur scène en 1969 à Las Vegas puis divorce en 1973. Entre 74 et 75, il donne 150 concerts. L’ultime a lieu le 26 juin 1977 à Indianapolis. Elvis apparaît alors très usé, vieilli et énormément grossi. Il meurt d’une crise cardiaque à Graceland le 16 août 1977 : il n’a pourtant que 42 ans ! Avec plus de 500 millions de disques vendus et 111 albums, Elvis reste le «King for ever» (le roi pour toujours). Pourtant il n’a jamais chanté sur une scène en France…
Autre intérêt, le «Trophy Museum» où sont entassés disques d’or, trophées, awards, costumes extravagants et objets ayant appartenu au King. Dans le jardin, le «Meditation Garden» est le simple mausolée où reposent Elvis et sa famille.
Après le tour de la maison, l’Automobile Museum expose les belles bagnoles qu’adorait Elvis et que les constructeurs lui avaient créées sur mesure : la Cadillac Fleetwood rose ou l’Eldorado de 1956, la Rolls, la Ferrari et même des petits véhicules de jardin qui amusaient tant notre roi…
L’évocation de la vie d’Elvis se poursuit avec«Elvis Airplanes» où sont exposés les deux avions lui ayant appartenu, le «Hound Dog II», un jet star qu’il avait acheté en 1975, et le «Lisa Marie», du nom de sa fille, un Convair 880 entièrement customisé à ses désirs. Le luxe dans toute la carlingue : jusqu’à la robinetterie en or des lavabos. Elvis utilisa cet appareil pour ses déplacements personnel jusqu’à sa mort.
Pour finir, «Sincerely Elvis Museum» dévoile une part de la vie intime du King, son mariage, sa fille, ses objets quotidiens, les couvertures de magazines, des tableaux… Ensuite, toutes les boutiques de Graceland vous attendent afin que vous rapportiez «at home» (chez vous) quelques souvenirs… ça va du tee-shirt à la chemise et au sweet en passant par les verres, les taille-crayons, les cendriers, les stylos, les livres des recettes préférées d’Elvis avec le fameux sandwich à la banane grillée et au beurre de cacahuète… Les posters, les cartes postales et surtout toute la discographie… Il faut reconnaître que l’endroit est vraiment très business…
En début d’après-midi, on quitte Memphis pour rejoindre
Clarksdale dans le Mississippi par la Route 61 Sud
A Clarksdale, le lieu incontournable est le «Delta Blues Museum» qui se trouve depuis 1999 dans le «Freight Depot Building» (frêt de l’ancienne gare). Ce musée a été créé pour collecter, préserver et rendre accessible au plus grand nombre l’histoire du Blues. On y apprend que le père du Blues, Robert Johnsonfut empoisonné par un amoureux jaloux alors qu’il jouait sur une scène à Greenwood en 1938 : il avait à peine 27 ans ! On y parcourt aussi la vie deB.B. King, né dans une petite ville du Delta, Itta Bena, en 1925 ; on traverse la misérable cabane deMuddy Waters…
C’est bien dans le Delta qu’a commencé le Blues avec W.C. Handy, Charlie Patton, Robert Johnson, Son House, Muddy Waters, John Lee Hoocker et beaucoup d’autres évoqués ici. Tout à côté du musée, l’ancienne gare sur «Blues Alley» a été restaurée avec cafés, restaurants, boutiques… Ici les musiciens locaux prenaient leur billet de train pour rejoindre le Nord industriel et plus riche où ils espéraient trouver un emploi…
Vicksburg garde l’empreinte de la guerre de Sécession
On continue la route vers Vicksburg fondée en 1811 par le révérend méthodiste Newit Vick. La ville garde encore les souvenirs tragiques de la guerre de Sécession ou «Guerre Civile» pour les Américains au «Vicksburg National Military Park». Vicksburg résista pendant 47 jours aux assauts répétés du Général Grant qui en vint à bout le 4 juillet 1863. Ce jour-là, les Confédérés se rendent et l’armistice est signé au Old Court House devenu aujourd’hui un musée. «Vicksburg is the key» (Vicksburg est la clé) avait dit le Président Abraham Lincoln «…et la guerre ne s’arrêtera pas tant que cette clé ne sera pas dans notre poche…». Ainsi fut fait !
Une route de 25 km parcourt les champs de bataille où résonnent encore les coups de canons des frères-ennemis «en gris» et «en bleu» qui s’affrontèrent dans des combats sanglants. Les monuments commémoratifs et le National Cemetery rappellent les 18.000 morts tombés dans les deux camps… Les affrontements furent si violents que de nombreuses maisons – dont la belle Cedar Grove Mansion Inn – portent encore les impacts d’obus dans leurs murs. La maison de 50 pièces de Cedar Grove fut offerte en cadeau de noces par John Klein à son épouse en 1840, puis agrémentée de tous les meubles et objets d’art rapportés du voyage de noces en Europe. Pendant la Guerre de Sécession, la maison était utilisée comme hôpital militaire. C’est aujourd’hui un Hôtel Restaurant de grande réputation.
Vicksburg a eu la chance de conserver de nombreuses demeures «Antebellum» (d’avant la Guerre Civile) commeMc Craven House construite en trois temps, d’abord en 1797, ensuite en 1836 puis en 1849…
Le centre ville offre une architecture originale et colorée avec ses boutiques d’antiquités, ses restaurants, ses cafés, le Musée des Poupées, et le «Biedenharn Museum of Coca Cola» dédié à l’inventeur du mondial breuvage. Ici fut embouteillé en 1894, par un marchand de bonbons, le premier exemplaire de la célébrissime boisson ! Joseph Biedenharn (l’aîné de 12 enfants, né en 1866) créait un tout nouveau concept qui allait révolutionner l’Amérique, puis le monde entier. La restauration de l’immeuble se base sur les photographies originales et les cartes de l’époque.
A Vicksburg, les rives du Mississippi abritent quatre palaces flottants, véritables bateaux historiques transformés en casinos avec toute l’animation et la restauration qui s’y rapporte : Ameristar Casino, Harrah’s Casino & Hotel, The Isle of Capri Casino et Rainbow Casino.
Après Vicksburg, continuation vers Natchez en passant par Port Gibson «Trop belle pour brûler» suivant les paroles du Général Grant (qui d’ailleurs épargna la ville !). Après Port Gibson, le dernier tronçon de la Natchez Trace passe à Windsor où l’on découvre toute l’opulence des édifices du Mississippi. Le riche planteur Smith Daniel acheva la construction de Windsor en 1861 et mourut la même année. Construite dans le style «Greek Revival», elle comportait des détails d’architecture italienne et gothique.
A voir absolument : Les Ruines de Windsor (Notre photo). Il y avait 23 pièces et de la Coupole du toit, on pouvait voir couler le Mississippi… L’édifice survécut à la Guerre Civile mais partit en fumée au cours d’un incendie accidentel le 17 février 1890. Tout était perdu sauf les colonnes et la ferronnerie… C’est ce fantôme qui ressemble presque aux ruines d’un temple grec que l’on découvre avec mélancolie au milieu d’une verte et paisible clairière…
Natchez, la première capitale des planteurs du Sud
Natchez fut un campement français dès 1716 à l’initiative du Sieur de Bienville. C’est le plus vieil établissement européen sur le fleuve Mississippi. A partir de 1817, grâce au commerce du coton et à l’évolution des «Steamboats» (bateaux à aube), la ville prend une telle ampleur économique qu’elle rivalise avec New York. C’est alors que sont construites les plus somptueuses et nombreuses demeures du siècle en Amérique : pas moins de 500 immeubles sont répertoriés au patrimoine historique ! On peut les visiter avec «Natchez Pilgrimage Tours» mais les dépliants touristiques pour les identifier sont aussi très bien faits.
Aujourd’hui, certaines ont été transformées en hôtels de charme où les hôtes peuvent se prendre pour Scarlett O’Hara et Rhett Butler, les héros mythique d’ «Autant en emporte le vent». Parmi ces lieux de rêve, Dunleith Plantation qui nous a accueillis. Une maison «Greek Revival» datant de 1856 où les 11 chambres offrent un confort exceptionnel : mobilier d’époque avec lits à baldaquin, chaleureux feu de cheminée… Dunleith a la réputation d’être la «maison la plus photographiée aux USA». Ce luxe discret se reflète aussi au restaurant «The Castle Restaurant and Pub» ouvert dans des écuries datant de 1790 ! Visitez-la sur internet : www.dunleithplantation.com
Natchez est le départ de la «Natchez Trace Parkway» qui conduit jusqu’à Nashville en traversant tout le Mississippi, un morceau d’Alabama et le Tennessee. Nous l’emprunterons plus tard au départ de Jackson pour nous rendre à Nashville.
Lafayette, le berceau des Français d’Amérique et de la culture Cajun
Lafayette a été fondée en 1823 et demeure le berceau de la culture française en Louisiane. Pour une introduction à la culture Cajun, il faut visiter le «Centre Culturel Acadien Jean Laffitte» sis au 501, Fisher Road. Ce Centre fut établi en 1978 pour préserver et interpréter la diversité culturelle de la région louisianaise du Delta du Mississippi. Il présente l’histoire des Acadiens qui se sont établis dans les prairies, bayous et marais du sud de la Louisiane. Leurs origines, migration, installation et culture actuelle y sont décrites. Dans l’auditorium, un film met en scène la déportation des Acadiens de la Nouvelle-Ecosse (Canada).
On peut continuer la visite par Vermilionville, un musée historique animé qui recrée la vie rurale en Louisiane du Sud entre 1765 et 1890. Autre centre d’intérêt : le Village Acadien au sud de la ville (200, Greenleaf Drive) qui recrée une colonie du 19ème siècle avec toute ses vieilles maisons de bois réunies autour d’un plan d’eau.
Le «downtown» (centre ville) est très étiré et sans unité. On remarque cependant la grande église de brique rouge , cathédrale Saint-Jean-l’Evangéliste qui date de 1913 dans un style appelée par les Américains «Romanesque tradition»… On visitera aussi la maison d’Alexandre Mouton, premier Gouverneur Démocratique de Louisiane (originaire de Marseille), devenue aussi un musée.
Francophonie : qu’est-ce que le CODOFIL ? Le Conseil pour le Développement du Français en Louisiane (CODOFIL) a été créé en 1968. Il a pour mission de «prendre toute initiative nécessaire pour assurer le développement, l’utilisation et la préservation de la langue française comme elle existe en Louisiane au profit culturel, économique et touristique de l’Etat».
Les musiques Cajun et Zydéco :
Avec les écrevisses, la musique est l’ambassadeur le plus connu de la Louisiane. Les deux styles, Cajun et Zydéco sont des hybrides dont les influences et instruments viennent d’autres sources musicales. L’accordéon et le violon sont les instruments dominants empruntés respectivement aux traditions allemande et écossaise-irlandaise. Certains groupes utilisent la guitare empruntée aux Espagnols et d’autres adoptent la «steel guitar» de la musique «Country and Western». Le triangle «ti fer» est aussi utilisé. Les ethnomusicologues pensent que les Cadiens ont appris des Indiens la technique des complaintes chantées et le rythme de leurs danses… Le terme de Zydéco (Zarico) provient de la phrase «les haricots sont pas salés», une façon symbolique de décrire la pauvreté de celui qui ne peut même pas agrémenter ses haricots de petits morceaux de porc salé. Les textes des chansons sont surtout en français. On quitte Lafayette pour rejoindre La Nouvelle Orléans après environ 3 heures d’autoroute et beaucoup plus si l’on veut prendre les routes secondaires.
New Orleans : The Big Easy
En 1682, René Cavelier de la Salle prend possession de la vallée du Mississippi («Grand Fleuve» en Indien), du Golfe du Mexique jusqu’au Canada, et en hommage au roi de France, Louis XIV, l’appelle «Louisiane»… Pour le commerce des fourrures, la descente du Mississippi s’avère beaucoup moins problématique que celle du Saint Laurent bloqué la moitié de l’année par les glaces.
The Big Easy (la ville facile), c’est le surnom donné à New Orleans par les jazzmen voulant exprimer la décontraction de la ville qui présente une architecture complètement originale aux USA.Le Vieux Carré ou «French Quarter» (Quartier Français) avec ses rues étroites, ses maisons à balustrades, ses patios aux belles fontaines et à la végétation exubérante, ses balcons en fer forgé, ses cafés d’où s’échappent toute la journée des notes de musique… est exceptionnel. «Laisser les bons temps rouler» est la devise des Louisianais, peuple cosmopolite et chaleureux qui a érigé la fête en profession de foi ! Ici, on aime tellement s’amuser que même la mort est une partie de rigolade. Lorsqu’on enterre un musicien de jazz, on le veille d’abord autour d’une table bien garnie. Le lendemain, procession derrière le corbillard avec hurlements de pleureuses professionnelles et orchestres aux musiques déchirantes. Après la mise en bière du défunt, la musique peut éclater joyeuse. Plus de souci à se faire pour le cher disparu : il est pris en main dans un monde meilleur et cet heureux passage mérite bien qu’on exprime sa joie…
The French Quarter ou le «Vieux Carré» va de Canal Street, la grande avenue moderne à l’américaine à Esplanade Avenue autour d’une surface limitée au sud par les rives du Mississippi et qui englobe progressivement les rues Decatur, Chartres, Royal, Bourbon (la plus fameuse), Dauphine et Burgundy. Au milieu, autour de Jackson Square, les rues Peter (où se tient La Mecque du Jazz avec le mythique «Preservation Hall»). Le «Visitors Center» dispense des documents intéressants pour découvrir la ville dont un tour à pied du Vieux Carré mettant en exergue tous les points d’intérêt dont : Madame John’s Legacy, un rare exemple d’architecture créole datant de 1789 ; New Orleans Pharmacy Museum, la «Pharmacie Française» fut construite en 1823 par Louis Dufilho, le premier pharmacien diplômé d’Amérique.
Flânerie ensuite sur les rives du Mississippi où évoluent encore les bateaux à aube pour touristes. Tout près, l’Audubon Aquarium of the Americas est le superbe aquarium de la Nouvelle-Orléans reconstituant les milieux naturels des poissons des mers et océans du monde entier. Ne pas oublier de prendre le tramway qui mène à Garden District, le quartier Anglais très chic aux superbes maisons à colonnades et de visiter le New Orleans Museum of Art à côté du Botanical Garden.
On ne sait plus trop quand est né le jazz…
L’appellation «jazz» remonterait à 1900 sous de multiples influences : blues, gospel, negro spiritual… Dès 1902, le jazz s’empare de La Nouvelle Orléans, patrie de Louis Armstromg et de Sidney Bechet. Storyville, le quartier des maisons closes et des cercles de jeu est rasé dès 1917 pour préserver du vice les soldats en permission. Ainsi, la musique émigrera vers Chicago puis New York où sa popularité ira croissant.
Il faut déambuler dans Bourbon Street, la nuit venue, pour s’imprégner vraiment de l’atmosphère de New Orleans, néons, musiques, cafés, restaurants, et surtout boîtes de jazz… Se laisser guider au feeling pour aller à la découverte de tous ces endroits et surtout assister, pour une somme modique, à un concert à « Preservation Hall » au 726 Saint Peter Street. La salle est toute petite, plutôt crasseuse, restée intacte vraisemblablement depuis des décennies. On s’assoie religieusement sur des bancs de bois (quand il y a encore de la place : il faut venir à l’avance et faire la queue dans la rue…) pour y écouter le meilleur jazz de New Orleans joué par des musiciens plutôt âgés. Le fait de jouer à Preservation Hall est une reconnaissance… Une adresse à ne manquer sous aucun prétexte lors de votre visite de New Orleans !
COUP DE COEUR / Un hôtel de charme, «Le Richelieu in the French Quarter» : Si vous voulez rester dans l’atmosphère du Carré Français, Le Richelieu (1234 Chartes Street) est l’hôtel qu’il vous faut. De plus, pour ceux qui voyagent en voiture, le stationnement est un véritable casse-tête à La Nouvelle Orléans. Ici, on l’élude puisqu’en séjournant dans cet hôtel on bénéficie d’un parking gratuit (dans la cour). L’hôtel comprend 86 chambres, toutes décorées différemment dont 17 suites. Nous avons eu la chance de bénéficier de la suite «Paul Mc Cartney» car l’ancien Beatles est venu là régulièrement avec toute sa famille et son staff de nombreuses fois. C’est quand même émouvant de se dire qu’on occupe la même place que cette légende… Le bar, au bord de la piscine offre rafraîchissements, apéritifs et le petit-déjeuner du matin pour bien commencer la journée. Site Internet : www.lerichelieuhotel.com
On quitte New Orleans pour atteindre Jackson, capitale du Mississippi
Jackson, située sur la rive de la Pearl River, doit son nom au 7ème Président des Etats-Unis, le Général Andrew Jackson. Fondée en 1821, elle fut incendiée en 1863 pendant la Guerre de Sécession. C’est la capitale économique et culturelle du Mississippi. Il faut voir le State Capitol dont l’aigle doré tourne résolument le dos à Washington ; l’Old Capitol qui sert de musée ; la maison Mansion, bel exemple d’architecture, ou encore le village historique du Mississippi qui recrée l’atmosphère rurale des années 20 «The Agricultural and Foresty National Museum». Le soir, on ira écouter le jazz ou le Blues au «Blue’s Cafe» (930, Congress Street), une simple maison où l’on sert à boire et à manger en écoutant du blues et du jazz.
Site web : www.visitjackson.com
De Jackson à Nashville, «The Natchez Trace Parkway»
Au 18ème siècle, les fermiers de l’Ohio descendaient leurs marchandises par la rivière et l’empruntaient pour leur retour. Elle connut le trafic le plus intense de tout le Vieux Sud. De nombreuses auberges apparurent alors tous les 20 km pour que les voyageurs échappent aux animaux sauvages, aux indiens ou aux bandits… Mais en 1812, l’invention du bateau à aube «Steamboat» arrêta son développement puisqu’il était désormais possible de remonter la rivière… Aujourd’hui, la route réhabilitée en partie traverse de superbes forêts de chênes drapés dans leur «Spanish Moss» (Mousse Espagnole).
Après Jackson, on retrouve la «Trace» à Grenada et Ridgeland. On traverse ensuite Kosciusko puis French Camp, un des plus vieux établissements sur cette route : Louis Leflore, un Français qui commerçait avec les Indiens Choctow s’y établit en 1812. Il épousa une Amérindienne et son fils, Greenwood Leflore devint Chef Choctow puis Sénateur du Mississippi. C’est en son hommage qu’a été construite la ville de Greenwood….
Tupelo, où nacquit Elvis…
Lorsqu’on est sur les traces du King et qu’on a déjà visité Graceland, il ne faut pas manquer sa «Birth Place ». La petite maison, demeurée en l’état, est plutôt touchante et rappelle les origines modestes d’Elvis à côté du grandiose Graceland. Au milieu de la pelouse trône une statue d’Elvis à 13 ans.
Nashville, la capitale de la Country Music
Le Temple incontournable de la Country, c’est leGrand Ole Opry, le plus vieux Music Hall d’Amérique ouvert depuis 1925 et qui a déménagé là depuis mai 2000. Tous les week-ends s’y succèdent des chanteurs venus de tout le Sud et même du reste des Etats-Unis. C’est une expérience incroyable à laquelle nous avons pu assister : à deux chansons, sur scène, succèdent cinq minutes de coupure publicitaire (surtout de la bouffe et des boissons). Personne ne dit rien et tout le monde en profite pour aller se taper un coca, un hamburger ou un paquet de chips… Et quand ils reviennent prendre place, ils continuent à bouffer tout ce qui craque et ce qui crisse…
LIENS : Memphis : www.memphistravel.com
Vicksburg : www.vicksburgcvb.org
Lafayette : www.lafayettetravel.com
New Orleans : www.novic.org
Nashville : www.nashvillecvb.com
Louisiane et New Orleans : www.louisianatravel.com
Site en français : www.ecltd.com
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