RENDEZ-VOUS À QUÉBEC
L’année 2017 se distingue, au Canada, par une foule d’événements spéciaux et activités pour célébrer le 150 ème anniversaire de la Confédération canadienne. Parmi ceux-ci, “RDV2017”, une course de grands voiliers faisait escales dans le Golfe du Saint-Laurent et en particulier à Québec et Lévis (en face), du 18 au 23 juillet. Nous étions conviés par la Région de Québec à assister à la manifestation et au-delà, à une brève découverte de cette merveilleuse ville et de ses alentours. Ainsi, cette balade nous aura menés du Vieux-Québec à l’île d’Orléans ou encore du Parc de la Chute Sainte-Anne à celle de Montmorency…
Entouré par les USA au Sud, l’Ontario à l’Ouest, Terre-Neuve et le Nouveau-Brunswick à l’Est, le Québec – dont la surface représente trois fois la France – est une destination à part entière au Canada. La forêt recouvre plus de la moitié de cet immense territoire criblé de lacs et de rivières. La province de Québec se distingue, avant tout, par sa francophonie et la lutte acharnée que mènent les Québécois contre l’envahissement de la culture américaine et de sa langue. Une « Francité » qui se perpétue depuis plus de quatre siècles (94,6% de francophones) et qui s’arbore fièrement sur les plaques minéralogiques des véhicules avec le fameux « Je me souviens »… Oui, ici, on se souvient que les ancêtres, venus de diverses régions de France à la conquête d’un nouvel Eldorado, ont inscrit leurs noms, souvent en lettres de sang, dans la mémoire collective de la « Nouvelle France ».
La voie maritime du fleuve Saint-Laurent commence à Montréal, à 1.650 km de l’Atlantique ! C’est celle qu’empruntèrent les navigateurs dont le premier, Jacques Cartier qui, en Juillet 1534, prit possession à Gaspé des terres de la Nouvelle France au nom du Roi, François 1er . Mais celui-ci avait délégué le marin malouin (Cartier est originaire de Saint-Malo) pour chercher de l’or et un passage vers l’Asie… En conséquence, il ne s’intéressa guère à cette nouvelle conquête ! Cette « Route des Navigateurs » a un seul numéro « 132 ».
Cette année-là, quand Jacques Cartier remonte le fleuve Saint-Laurent, il trouve, près du cap Diamant, le village de Stadaconé, où la population iroquoise pratique l’agriculture et la pêche. L’attrait naturel et le caractère stratégique du site, au confluent de plusieurs rivières importantes, font de « Kébec » (là où le fleuve se rétrécit, en langue amérindienne) un lieu de rassemblement régulièrement fréquenté par les Premières Nations pendant des millénaires.
Samuel de Champlain débarque au même endroit, le 3 juillet 1608 : le village rencontré autrefois par Cartier a disparu. Après une alliance avec les Algonquins, l’explorateur peut construire son « habitation », un ensemble de maisons entouré d’une palissade. Au milieu du 17e siècle, Québec ne compte encore que quelques centaines d’habitants. L’essor commence vraiment en 1663, avec la reprise en main de la colonie par le roi de France et la nomination de Jean Talon à titre d’intendant. À la fin du Régime français, Québec, chef-lieu économique, religieux, militaire et politique de la Nouvelle-France, compte plus de 7.000 habitants ! (Notre Photo à gauche : Le monument dédié à la mémoire du père fondateur, Samuel de Champlain, oeuvre de Paul Chevré, fut inauguré en 1898).
Le Vieux-Québec “Joyau du Patrimoine Mondial”
Seule ville fortifiée en Amérique du Nord, Québec voit son secteur historique, le « Vieux-Québec » répertorié par l’Unesco en 1985 “Joyau du Patrimoine Mondial”. C’est la plus ancienne ville du Canada (Fondation en 1608) et le berceau de la civilisation française outre Atlantique. Construite sur le promontoire rocheux des falaises du Cap Diamant, elle se divise entre haute ville et basse ville. Le château Frontenac (Hôtel de luxe bâti en 1892) – à droite de la Place d’Armes – surplombe le fleuve Saint-Laurent de sa silhouette baroque avec ses tourelles, créneaux, machicoulis à l’aspect médiéval. Il est le symbole de la ville. La terrasse Dufferin en est la promenade panoramique. On atteint la basse ville par une série d’escaliers, ou mieux, un funiculaire qui vous dépose dans les rues piétonnes de la Place Royale. La rue du Petit-Champlain, au pied de la falaise – est la plus ancienne rue commerçante d’Amérique du Nord. On y déniche les exclusivités de designers régionaux, des bijoux, des objets décoratifs, des articles d’artisanat amérindien… La rue Saint-Paul aligne ses antiquaires et le secteur du Vieux Port ses nombreuses galeries d’art et le Marché où les “Fraises d’ici” ont été cueillies sur l’île d’Orléans…
Les espaces verts ont, comme à Montréal, une place capitale. Parmi eux, les “Plaines d’Abraham” ancien champ de bataille dominant le fleuve et qui vit le triomphe des Anglais sur les Français en 1759. Québec a gardé de ses origines françaises le goût du savoir manger et de faire la fête : c’est la ville d’Amérique qui compte le plus de restaurants par habitant !
RDV2017 : en route pour la France…
Ils étaient des dizaines de milliers, québécois, canadiens ou touristes internationaux à se concentrer sur le port de Québec, en ce beau week-end de juillet, afin de voir de plus près ces immenses navires de naguère ! La manifestation a pris tellement d’importance que toutes les rues autour du port étaient barrées par un déploiement policier créant de gigantesques embouteillages (Ici, on dit “congestions”) dans toute la ville… Valait mieux être à pied pour apprécier la fête ou encore à bord d’un autre bateau… Nous avons pu assister au départ de la flotte des 38 voiliers, tôt le matin du dimanche 23 juillet, à bord d’un catamaran afrêté par le service communication de l’évènement. L’occasion de saisir – toutes voiles déployées – des clichés époustouflants, sous un ciel d’azur, avec en toile de fond, le très photogénique château de Frontenac !
Plusieurs catégories participaient au rassemblement. Les plus spectaculaires étant ceux de la “Classe A” mesurant plus de 40 mètres de long gréés en carré et aux voiles à angle droit : l’Allemand aux voiles vertes : Alexander Von Humboldt II ; l’Américain USCGC Eagle ; l’Espagnol El Galeon ; Guayas de l’Equateur ; le Britannique Lord Nelson ; le Canadien Fair Jeanne ; le Néerlandais Europa… Pendant 3 jours, les visiteurs étaient conviés, à quai, à venir découvrir l’intérieur de ces belles unités et recevaient les explications sur la vie à bord, le travail…de nombreuses animations permettaient de se faire une idée de l’organisation quotidienne. Et pour la parade de départ, on a pu admirer les hommes d’équipage hissés jusqu’en haut des mâts pour une dernière salutation avant de remonter l’estuaire du Saint-Laurent !
Après avoir rejoint Halifax, en Nouvelle-Ecosse (Canada), les navires entameront la Transatlantique avec une arrivée prévue au port du Havre, en France – après plus de 7.000 nautiques – entre le 31 août et le 3 septembre à l’issue d’une course qui aura duré 5 mois ! En plus d’accueillir les Grands Voiliers, Le Havre fêtera aussi le 500ème anniversaire de sa fondation. Pour tout savoir sur l’évolution de la course en temps réel : rdv2017.com
Rencontre avec…
Denis Trudel, marin, modéliste maritime et bénévole à RDV2017
Nous avons rencontré Denis dans le bus… et comme il était badgé RDV2017, nous lui avons demandé notre route ! Et, chemin faisant, nous avons décidé de l’interviewer tant son parcours est significatif : “J’ai décidé, dit-il, d’offrir une semaine de bénévolat à RDV2017. J’ai été désigné en qualité de photographe des bénévoles et ma mission est de confier mes images à l’organisation pour les présenter à l’issu de la manifestation. Je ne suis pas d’une famille de marins. Québécois d’origine, ce goût de naviguer m’est venu à 20 ans lorsque j’ai embarqué sur un petit voilier… J’ai ensuite construit mon propre bateau et quitté l’estuaire pour un tour des océans ! Au fil des années, j’ai fait 6 grandes traversées… C’est justement en France, à Concarneau, lorsque je visite le musée du modélisme que la passion des maquettes m’a contaminé voici douze ans ! Aujourd’hui, mon ambition est de faire entrer mes miniatures au musée… J’ai toujours réalisé mes rêves et je me donne vingt ans ! Etant aussi joaillier, je leur donne un côté artistique en ajoutant du vitrail, de la joaillerie marine (dont j’ai une collection !). Je veux que mes bateaux soient vivant et que les gens les regardent d’une façon dynamique…”
– Pour autant, avez-vous arrêté de naviguer ? “Je navigue encore mais finies les transatlantiques… Je rejoins des amis en Méditerranée pour des voyages d’agrément… J’ai déjà chaviré en plein océan et connais les vagues de 15 mètres et les heures d’angoisse qui remettent tout en question… Aujourd’hui, c’est plutôt trois jours de mer et trente jours de terre : le contraire d’une vie de marin !”. Denis est très éloquent et a plaisir à raconter ses expériences… Mais nous devons embarquer sur le catamaran… Heu, juste pour admirer les voiliers… Pas pour retourner à Marseille !
Le Parc de la Chute-Montmorency
A seulement quelques minutes du centre ville, sur la Route 138, la chute Montmorency doit son nom à Samuel de Champlain qui la baptisa ainsi en l’honneur du Duc de Montmorency, vice-roi de la Nouvelle-France et amiral de France et de Bretagne.
Avec ses 83 mètres de hauteur, soit 30 mètres de plus que les chutes du Niagara, l’imposante chute Montmorency domine le paysage. On la découvre à pied ou en téléphérique jusqu’au Manoir doté, à l’intérieur, d’un centre d’interprétation, d’une boutique d’un restaurant et de salles de réception. Lieu de prestige, en 2008, le Manoir Montmorency accueillit le 12ème Sommet de la Francophonie.
Le pont suspendu est grandiose et la descente des 487 marches de l’escalier panoramique s’avère moins problématique que la montée (préférable en téléphérique !). Pour les sportifs, une tyrolienne d’une longueur de 300 mètres une via ferrata promettent grands frissons et vue époustouflante… Site : parcdelachutemontmorency.com
La Chute Sainte-Anne et son canyon
Le Canyon Sainte-Anne est aussi situé sur la Route 138 appelée “Route de la Nouvelle France” à 25 minutes à l’Est de la ville de Québec. Le Parc se niche au creux de falaises rocheuses et offre 3 ponts suspendus, une passerelle de 60 mètres au-dessus du gouffre ainsi qu’une chute de 74 mètres de haut. Pour optimiser les sensations, l’attraction “Star” est Air Canyon, un genre de télésiège qui vous propulse au-dessus du vide à 50 km/heure : adrénaline garantie ! Nous avons testé… Il y a aussi de nombreux sentiers de randonnée, des aires de pique-nique pour les familles, et pour les plus vaillants, des “via ferrata” ave tyroliennes ! De quoi passer une belle journée… Site : canyonsa.qc.ca
COUP DE COEUR…
Auberge du Littoral Hôtel & Spa : Compte-tenu de la sur-fréquentation de Québec au mois de juillet, les hôtels sont plus que complets… Nous avons été hébergés à cette Auberge, Boulevard Sainte-Anne, très sympa mais aussi très pratique pour les voyageurs motorisés (parking gratuit) et qui préfèrent laisser leur voiture pour prendre, juste à côté, le bus 800 menant en 20 minutes au coeur de Québec. Site : aubergedulittoral.com
Le château Frontenac doit son nom au comte de Frontenac, Gouverneur de la Nouvelle France. En 2018, il fêtera ses 125 ans ! Il peut s’enorgueillir d’avoir reçu les grands du monde dont deux conférences historiques en 1943 et 44 entre Franklin Roosevelt et Winston Churchill.
La Fresque des Québécois, trompe l’oeil colossal de 420 m2 au coin de la rue Notre-Dame dans le Petit Champlain, illustre 400 ans d’histoire : 15 personnages y sont représentés dont Jacques Cartier, Samuel de Champlain ou encore Félix Leclerc. Un panneau d’interprétation les identifie. Cette peinture murale a été réalisée en 1998 par une équipe de neuf artistes de Lyon et trois Québécois.
Sites Région Québec : regiondequebec.com ou QuebecRegion.com
- Un merci particulier à Robert Lancup, chargé de communication, qui a organisé notre séjour à Québec ainsi qu’à Maud Migué de RDV2017.
L’île d’Orléans, jardin de Québec
L’île d’Orléans est le jardin de Québec, symbole de la vie rurale d’antan. On y accède par un grand pont, sur la Route 138, juste en face de la Chute de Montmorency à environ 10 km du centre-ville. La Route 368 en fait le tour complet en 68 km. Protégé, le “site patrimonial” de l’île-d’Orléans désigne toute l’île (34 km sur 8 km) et ses 3.600 bâtiments dont 18 classés monuments historiques.
Ce matin, nous avons rendez-vous sur la Terrasse Dufferin (Place du Château) avec « Québec Bus Tour » pour aller faire une découverte originale de l’île d’Orléans dédiée à ses producteurs. Longtemps appelée “Jardin de Québec”, elle vit d’agrotourisme avec son vignoble champêtre (dont celui du Mitan fondé en 1998 sur une terre familiale depuis le 17ème siècle), ses plantations fruitières et maraîchères… 90% des habitants travaillent dans l’agriculture. A bord du minibus, une douzaine de personnes et Jean-Christophe qui a la double responsabilité de conduire et de nous guider !
Au cours de la matinée-dégustation des produits locaux, nous pourrons constater le parfait professionnalisme de ce jeune homme, complètement bilingue et qui manie l’humour et la décontraction tant en Français qu’en Anglais… Un grand bravo à lui pour l’ambiance qu’il fait régner dans son camion ! Finalement une joyeuse épopée qui nous conduira successivement dans les vignes à la découverte du vin de glace ; à la cidrerie Bilodeau où nous pourrons apprécier le cidre de glace et tenter quelques courses : cidre apéritif, beurre de pomme, confit d’oignons, vinaigrettes, tartes aux pommes… à la nougaterie et à la chocolaterie ; à l’espace Cassis Monna & Filles : cette famille cultive et transforme le cassis et a ouvert un écomusée dans la grange… Tout est “Made in ici” !
Bref passage à l’Espace Félix Leclerc : on ne peut pas évoquer l’île d’Orléans sans parler de son poète, Félix Leclerc qui, bien que né à La Tuque (Haute-Mauricie) passa les vingt dernières années de sa vie dans ce paradis bucolique. Le lieu de mémoire est un café-boîte à chansons où se perpétue le souvenir de l’artiste décédé en 1988 et qui a joué un rôle majeur dans la revitalisation de la tradition folklorique québécoise. Il a également été une voix forte pour le nationalisme québécois. Une belle statue de métal joue de la guitare face à la mer… Qui ne se souvient pas de son “Petit Bonheur” que même les petits français apprennent à l’école ? “C’est un petit bonheur que j’avais ramassé ; Il était tout en pleurs sur le bord d’un fossé ; Quand il m’a vu passer, il s’est mis à crier : « Monsieur, ramassez-moi, chez vous emmenez-moi ». Une belle matinée… Site : quebecbustour.com
« Moi, mes souliers ont beaucoup voyagé… » En souvenir de cette chanson, les passants accrochent des godasses !
Reportage : Textes Dany Antonetti / Photos Gérard Antonetti
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