BORDEAUX, AU FIL DE LA GARONNE
L’histoire de Bordeaux est intimement liée à celle de la Garonne. Le fleuve nourricier a aussi été une des raisons évidentes de sa prospérité. En traversant la ville depuis Euratlantique jusqu’aux Bassins à Flot, la Garonne prend la forme d’un demi-cercle à la forme d’un croissant de lune ce qui lui vaut le surnom poétique de « Port de la Lune ». Ce lien avec le fleuve est un peu le fil rouge de notre reportage à « Bordeaux Métropole » où les espaces naturels, agricoles et forestiers représentent 51% de la superficie. Bordeaux est inscrite au Patrimoine Mondial de l’Humanité depuis 2007.
Lormont, une banlieue… verte
L’itinéraire « GR Bordeaux Métropole », inauguré en 2019 est unique en France. Il traverse les paysages sur près de 160 km et relie parcs et espaces naturels en parcourant 17 communes. Nous allons en découvrir quelques fractions avec Didier Sanchiz, notre guide.
Lormont est l’une des vingt-huit communes de Bordeaux Métropole. La cité s’est développée sur une crête sur la rive droite de la Garonne. Ce fut le lieu de résidence des archevêques de Bordeaux puis celui des princes d’Aquitaine. Richard II roi d’Angleterre et duc d’Aquitaine naquit au château de Lormont en 1367. La ville se développe, dès cette époque. Au 18ème siècle sont aménagés des chantiers navals, embryons des célèbres Forges et chantiers de la Gironde.
Célébré par Stendhal le bourg abrite de nombreuses guinguettes au 19ème siècle où les Bordelais viennent se divertir. Aujourd’hui, le pont d’Aquitaine est le « monument emblématique » de la cité. Il fut inauguré en 1967 par Jacques Chaban-Delmas : il franchit la Garonne à 53 mètres de hauteur. Il aura fallu des piliers de 105 mètres et près de 12.000 kilomètres de câble pour le suspendre.
Le sentier que nous parcourons démarre au Parc Carriet. Nous nous trouvons en pleine forêt alors que résonne encore le bruit sourd de la rocade… la vue est splendide sur le pont d’Aquitaine et le vieux Lormont : Impossible d’imaginer cette belle végétation à deux pas du centre urbain ! Voici maintenant le Parc de l’Ermitage, empreinte d’une cimenterie qui a arrêté son activité dans les années 70. L’usine a été engloutie par un grand lac artificiel où s’ébrouent des chiens heureux ! Une bien belle balade qu’on soit de la région…ou pas !
Les refuges Périurbains (Notre photo ci-dessous : le « Nuage » dans le Parc de l’Ermitage mais il y en a 11 en tout) sont des hébergements insolites imaginés par des artistes qui invitent randonneurs ou familles à passer gratuitement une nuit dans les espaces naturels de la métropole. Il suffit de s’inscrire : lesrefuges.bordeaux-metropole.fr
Connaissez-vous l’aquaponie ? insolite « Ferme Urbaine »…
Laura Gaury, co-fondatrice des « Nouvelles Fermes » nous accueille pour nous expliquer le fonctionnement de sa ferme expérimentale. « L’aquaponie est une technique culturale millénaire et eco-systémique. C’est l’association de l’élevage de poissons (dans notre cas la truite arc-en-ciel) dont les effluents permettent de fertiliser la culture de fruits et légumes hors-sol en circuit fermé grâce au truchement de bactéries qui s’installent naturellement dans le système. C’est 100% naturel !
Ce mode de culture permet de faire d’énormes économies en eau, ainsi qu’en énergie. Sans pesticides de synthèse ni antibiotiques, nous nous attachons à respecter le fragile équilibre créé. Notre but consiste à installer ces fermes en ville, quelle que soit la surface qui nous accueille, pour produire en local les fruits et légumes les plus frais possibles. Nous produisons 20 tonnes de produits frais (salades, choux, herbes aromatiques, tomates…) et 2 tonnes de truites arc-en-ciel par an. ». Créé en 2019, le site de Lormont est la première ferme urbaine aquaponique de la métropole bordelaise. Une ferme de 1000m² en ville, pour une production locale, durable et responsable. Site : https://www.lesnouvellesfermes.com/
Aurélie, le « Bistruc » et les grattons…
Retour au Vieux-Lormont à la rencontre d’Aurélie Blay propriétaire du « Bistruc », un drôle de Bistro « plein de trucs » à la fois cave à vins, à bières, braderie et brocante. L’endroit est un lieu de vie avec des concerts et des expos (peintures, photos, illustrations)… La rue du Général-de-Gaulle et cette échoppe ont longtemps abrité le célèbre charcutier Stephane Escassut passé maître dans la confection des grattons (sorte de pâté de cochon maigre aux épices secrètes et confit pendant 6 heures). Aujourd’hui, Aurélie perpétue la tradition et achète en direct les grattons de Stéphane pour les proposer à nouveau dans son estaminet ! A ne pas rater…
Un air de Bordeaux…
« Dans chaque commune il y a des passionnés du patrimoine, souligne Brigitte Bloch, Présidente de l’Office de Tourisme et des Congrès de Bordeaux Métropole. Nous proposons une offre diversifiée pour découvrir le territoire grâce à nos « explorateurs locaux ». A ce titre, nous avons créé « Un air de Bordeaux » un site internet qui invite les locaux à redécouvrir leur terroir. Conçu avec et pour les habitants, il s’adresse également à tout visiteur qui souhaite découvrir l’agglomération hors des sentiers battus. Un air de Bordeaux compte une communauté de 40.000 lecteurs fidèles tous les mois. Il est rédigé par une équipe de rédacteurs qui s’attachent à dénicher les pépites naturelles, rencontrer les acteurs et habitants, tester des activités, balades et visites, arpenter les marchés et révéler le potentiel créatif de l’agglo ». Site : unairdebordeaux.fr
Bègles, le village urbain et le ChapitÔ
En France, lorsqu’on a entendu parler de Bègles, c’est qu’on s’intéresse au rugby ou encore qu’on se souvient de son Maire, Noël Mamère, ex-journaliste qui célébra en 2004 le premier mariage gay de France ! Mais Bègles fait aussi parti de Bordeaux Métropole et de belles initiatives y voient le jour comme le « ChapitÔ » ouvert depuis 2020.
Edwige Lucbernet 1ère adjointe de Bègles (la plus ancienne des élues) nous explique : « Notre culture autour du cirque est ancienne. Nous avons toujours accueilli des cirques sans animaux (Exception faite pour les chevaux de Bartabas !). Nous avons acheté ce site de 5 hectares aux armées il y a 15 ans. Nous y avons créé l’esplanade du cirque. Nous avons aussi acheté un chapiteau, des caravanes des gradins… et une caravane US mobile avec expo et pédagogique. Ensuite on a crée ce lieu atypique pour imaginer une synergie entre entités différentes. Nous sommes en train de constituer une structure de Street Art avec l’opération « Mille murs ». Le fonctionnement est municipal avec Annabel Tallet, la coordinatrice. Magalie s’occupe du restaurant : On mange sur place ou à emporter et au poids selon son budget ».
Un « Ô lieu » dédié à la culture, à la jeunesse, au « vivre ensemble » Habitants du quartier et des alentours, artistes, étudiants et actifs se côtoient lors d’animations et d’événements : ateliers culinaires, artistiques, et circassiens, découvertes d’initiatives durables et Do It Yourself ( fais le toi-même)… Conçu comme un lieu de vie permanent, où passer du temps, prendre simplement un café au « cafito », s’informer, flâner, ChapitÔ souhaite rallier différents publics et insuffler une nouvelle dynamique pour construire des projets collectifs sur le quartier. Site : https://chapito.mairie-begles.fr/
Sur les bords de Garonne avec Eric Veyssy
Eric Veyssy, Directeur et médiateur culturel de l’association (loi 1901) « Terre et Océan » nous accueille, juste derrière le Centre Commercial Rive d’Arcins dans le bâtiment créé sous le concept de » maison passive » et baptisé Aquaforum. Si le projet fut initié en 2004, la maison vit le jour en 2012. « Nous sommes des scientifiques à la base, dit-il : On fait des activités sur le fleuve, des conférences… la marée, l’écosystème fluvial… Nous mettons en exergue les sciences de l’environnement ». Le lieu est insolite car il faut traverser tous les parkings de la zone commerciale pour arriver sur la rive de la Garonne !
La balade sur le sentier balisé et ombragé va de l’Estey de Franc au Nord, à l’Estey de Tartifume au Sud. Ici, la rivière de l’Eau Bourde se jette dans la Garonne en plusieurs bras, les « Esteys ». Au Moyen Âge, les pèlerins en route pour Saint-Jacques-de-Compostelle passaient le gué de la Garonne appelé le gué de Tartifume ! Site : terreetocean.fr
En suivant la Garonne…
Face au restaurant « Merci » le mini-port de Bègles est l’embarcadère idéal pour une balade sur le fleuve à la découverte de sa biodiversité. Pierre-André et Paya, son labrador, nous accueillent à bord du chaland de « Bordeaux sur l’Eau ». « Les gens ne soupçonnent pas que c’est si joli et sauvage à 20 minutes de Bordeaux ! dit-il » Le prestataire propose des balades privatisées de 3/4 heures sur le fleuve.
Un voyage au milieu des îles de la Garonne pour admirer les carrelets, et les villages qui bordent le fleuve. A l’origine, le carrelet, ce n’est pas la petite baraque de bois sur pilotis mais le filet carré qui sert à pêcher… par extension c’est aussi devenu cette maisonnette. La pêche au carrelet sur l’arc Atlantique est une pratique inscrite à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel en France depuis 2021.
« Nous travaillons avec les pêcheurs mais aussi avec les scientifiques, dit Gaël, animateur à Terre & Océan. La Garonne baisse continuellement de débit et en ce moment le coefficient des marées est très faible. Les changements climatiques sont éloquents… Nous naviguons sur les voies fluviales (VNF) jusqu’au Pont de Pierre qui est le premier pont de Bordeaux érigé en 1822 sur l’ordre de Napoléon 1er. La balade se termine en plein centre de Bordeaux au ponton d’honneur. Site : https://www.bordeauxsurleau.fr/
Balade à Bordeaux avec Véronique…
Notre séjour s’achèvera par un petit tour du centre de Bordeaux où Véronique, guide professionnelle, nous entraînera au fil des quartiers dans une visite non exhaustive mettant l’accent sur un passé architectural remarquable dans cette ville bimillénaire que les Romains nommèrent Burdigala.
« Sous les mandats successifs de Jacques Chaban-Delmas, on va commencer à prendre en compte les quartiers à rénover que la population fuyait, dit Véronique… C’est seulement à partir des années 2000 que l’on va imposer le ravalement et le rafraîchissement du centre historique. Nous avons entièrement réaménagé sur 5 km entre les deux ponts l’espace actuel entre la route actuelle et la Garonne, c’est-à-dire qu’on a rendu le lieu aux visiteurs et aux habitants. Cet espace était à l’abandon depuis les années 70 et fermé au public jusqu’aux années 80. Des parterres de fleurs en amont et en aval du miroir d’eau ont été aménagés qui laissent voir toute la Place de la Bourse et un peu plus loin vers le quartier du vin, c’est-à-dire le quartier des Chartrons.
Nous avons deux marchés par semaine dont le grand marché des Chartons en plein air (le dimanche)… plus loin on a un grand skate Park et quand on va vers le sud entre le pont de Pierre et le pont Saint-Jean, qui lui date de 1964, on a aménagé « la Plaine des Sports ». Actuellement on continue toujours derrière la gare Saint-Jean d’aménager les quais et les jardins jusqu’à la jonction du futur pont Simone Veil qui sera achevé courant 2024.
Les Bassins de Lumière accueillent Dali et Gaudi
Les Bassins des Lumières (créés en 2020 par Culturespaces) sont situés dans l’ancienne base sous-marine de Bordeaux. Avec 13.000 m2 de superficie totale et 3.000 m2 d’espace de déambulation, c’est le plus grand centre d’art digital au monde représentant 3 fois la surface des Carrières des Lumières aux Baux-de-Provence et 5 fois l’Atelier des Lumières à Paris. Jusqu’en janvier 2024, le public est invité à découvrir deux nouvelles expositions immersives : « Dalí, l’énigme sans fin » en programme long et « Gaudí, architecte de l’imaginaire » en programme court.
Pour Dali, ce sont plus de 60 années créatrices du maître catalan inspirées par le cubisme, le surréalisme et le futurisme. Les œuvres invitent le spectateur à déambuler dans cet univers onirique si particulier. Animées sur les murs et miroitant dans les eaux des Bassins des Lumières, elles font apparaître les détails des coups de pinceau, des traits et des jeux de matières. Peintures, dessins, photographies, installations, films et images d’archives nous rapprochent de la personnalité unique du célèbre peintre à la moustache mais également de ses obsessions pour l’étrange et sa fascination pour sa muse et collaboratrice : sa femme, Gala. La rétrospective, associée à la musique de Pink Floyd, groupe légendaire des années 1960, propose un voyage hors du temps qui réveille l’inconscient, où l’œuvre de Dalí reste une énigme sans fin. « Toutes mes excentricités, toutes mes incohérences sont la constante tragique de ma vie… Je veux prouver que je ne suis pas le frère mort, mais le vivant. »
Par ailleurs, « Gaudí, architecte de l’imaginaire » revient sur l’art d’Antonio Gaudí (1852/1926), grande source d’inspiration pour Dalí. L’exposition rend hommage à ce génie de l’architecture à travers ses bâtiments désormais classés au Patrimoine Mondial de l’Unesco. Le visiteur part en voyage, entre rêve et réalité, du Parc Güell à la Casa Batlló en passant par la Casa Milà et la Sagrada Família par un jeu de matières et de reflets. Site : bassins-lumieres.com
EVENEMENT ANNUEL EN JUIN : « BORDEAUX FÊTE LE VIN »
Festival œnotouristique de référence, « Bordeaux Fête le Vin » revient du 22 au 25 juin sur les quais de Garonne et dès le 15 juin en Avant-Première dans les restaurants, caves et lieux culturels de la métropole bordelaise. Cet événement s’attache à promouvoir la destination Bordeaux à travers ses vins, notamment bios et engagés, ses produits locaux et artisanaux et son patrimoine. On retrouvera au programme les pavillons des appellations où l’on déguste les vins de Bordeaux et de sa région, de nombreuses animations culturelles, ludiques et festives, des concerts, des parcours expositions, une offre de restauration régionale, et de beaux voiliers ouverts à la visite. Fidèle à l’engagement de la destination en faveur d’un tourisme et d’un événementiel durables, la Fête intègre une organisation écoresponsable et humaine. Site : bordeaux-fete-le-vin.com
CARNET DE ROUTE
Y VENIR : de Marseille, plusieurs possibilités en avion avec Air France, EasyJet ou encore Ryanair… De Paris : à 2 heures de train !
SE LOGER : Quality Hôtel Bordeaux Centre (27, Rue Parlement Sainte Catherine) en plein coeur de la ville. Site : choicehotels.com
Hôtel Marty : un tout nouveau 4* dans le quartier Mériadeck (153, Rue Georges Bonnac), lieu de vie inspirant et créatif de 61 chambres parfaitement agencées. A recommander sans hésiter ! Site : marty-hotel.com
SE RESTAURER
LORMONT : Niché à l’intérieur d’un château médiéval, le Prince Noir (étoilé depuis 2016), propose une cuisine estampillée Basque, région d’origine du chef Vivien Durand, fervent défenseur du locavore. Il est d’ailleurs labellisé « Green Food Label » attestant de son engagement. Nous avons adoré sa cuisine inventive et raffinée élaborée autour du menu « Dégustation » comprenant, entre autres un turbot confit au beurre noisette, asperges vertes et petits pois, pilpil au curry… Remarquable ! Site : leprincenoir-restaurant.fr
BEGLES : Le restaurant MERCI en bord de Garonne. La salle est un véritable théâtre pour admirer les couleurs changeantes du fleuve. La terrasse, abritée et chauffée, permet de profiter d’un panorama exceptionnel. Un long banc d’écailler propose un buffet de fruits de mer à volonté entre le petit port de plaisance et les cabanes de pêcheurs. Site : https://www.restaurant-merci.com/
VISITER : Bordeaux et sa métropole possèdent un important réseau de transports en commun TBM (Transports Bordeaux Métropole) incluant bus, tramway, TER, RER, une navette fluviale… ainsi que plus de 200 km de voies cyclables. Le visiteur peut se procurer – à l’Office de Tourisme – le « Bordeaux City Pass » valable pour 1, 2 ou 3 jours et offrant gratuités et réductions.
*** Merci à Bordeaux Tourisme pour l’organisation de ce reportage et à sa responsable des Relations Presse Alaïs. Sites : bordeaux-tourisme.com ; www.visiter-bordeaux.com – www.unairdebordeaux.fr
Reportage Dany Antonetti Texte & Photos (sauf mention contraire) © Avril 2023
