CANARIES : LA PALMA, L’ISLA BONITA
Iles-volcans au large du Maroc et en plein Océan Atlantique, les Canaries (Communauté Autonome d’Espagne) forment un archipel de sept îles dont les plus connues sont Lanzarote ou Tenerife… Notre voyage, organisé par l’Office de Tourisme Espagnol, nous conduit vers La Palma moins célèbre que ses voisines !
La Palma, c’est l’Isla Bonita (la Belle île) qui porte bien son surnom avec ses belles forêts, ses bananeraies qui plongent dans l’Océan, ses spectaculaires plages de sable noir, ses volcans toujours menaçants, ses villes et villages à l’héritage architectural colonial mais plus encore son air pur pour l’observation astronomique et sa biodiversité remarquable reconnue depuis 2002 par l’Unesco sous le label « Réserve de Biosphère ». Partons à la découverte de cette île de Beauté ! (Oui, je sais, il y avait déjà la Corse : en voilà une autre !)
Santa Cruz de La Palma, la belle coloniale
L’aéroport de l’île se trouve seulement à 7 km de cette jolie ville aux allures coloniales avec ses rues pavées, ses balcons fleuris, ses maisons colorées, ses plages noires et son port de plaisance. La ville fut fondée en 1493 et resta longtemps une escale importante entre l’Europe et les colonies d’Amérique.
19 Septembre 2021 : Eruption du Cumbre Vieja
Le Cumbre Vieja (Traduction littérale : vieux sommet ) culminant à 1.944 mètres d’altitude est entré en éruption le 19 septembre 2021 (50 ans après sa dernière activité en 1971) : la coulée de lave a détruit 3000 habitations et évacué 7000 personnes ! Ce fut un moment historique pour toute l’île et même au-delà ! Le phénomène a duré exactement 85 jours selon les scientifiques et c’est la plus longue durée constatée (voir le témoignage de Simon) ! Actuellement, le volcan est entré dans une phase de refroidissement mais les autorités ne nous ont pas permis d’approcher…
Simon, le basketteur canadien devenu guide canarien…
Simon nous a accompagnés pendant ce court séjour. Son parcours est inédit : il y a 20 ans qu’il habite La Palma où il a rencontré sa compagne et jusqu’à la pandémie ils tenaient un bar-restaurant… mais ces deux années de crise ont eu raison de leur négoce. Aujourd’hui, il se reconvertit dans le tourisme pour revêtir les habits de guide ! Sa silhouette ne passe pas inaperçue avec ses deux mètres seize et sa crinière rousse… Originaire du Canada (Québécois par sa mère et de Vancouver par son père) il a reçu une éducation anglophone en Colombie Britannique mais parle aussi le français, langue maternelle de sa mère… Dans une autre vie, il était basketteur professionnel et ses transferts et déplacements l’ont aussi mené en France dans des Clubs comme Chambéry ou Martigues. Aujourd’hui, ce métier est nouveau pour lui et c’est pas sans une petite anxiété qu’il fait ses premiers pas dans la profession sous l’oeil amical et bienveillant de Carmen, expérimentée, au volant de son mini-bus !
Simon nous raconte ce jour de septembre 2021 où le volcan s’est réveillé : la coulée de lave passait très près de chez lui et si celle-ci n’a fait aucune victime (la population avait reçu l’ordre d’évacuer) elle a emporté des dizaines de maisons sur son passage… Cette tragédie, dit-il, a suscité un grand élan de solidarité ! La fumée et les cendres montaient à 6 km se répandant sur toute l’île et même sur l’île voisine de La Gomera… Nous avons eu très peur d’autant plus que la terre tremblait ! ».
Roque de Los Muchachos et l’astronomie
L’Observatoire d’Astrophysique Roque de Los Muchachos culmine à 2.428 mètres. Le mini-bus monte au-dessus d’une « mar de nubes » (mer de nuages) pour finalement la dépasser et se retrouver dans un azur limpide !
L’Observatoire a été inauguré en 1985 et appartient à l’Institut d’Astrophysique des Canaries (IAC). C’est l’un des meilleurs endroits au monde pour pouvoir observer le ciel et la première réserve « Starlight » mondiale depuis 2012 : le cadre parfait pour profiter de l’univers !
Au Centre des Visiteurs, créé il y a juste un an, Michel guide spécialisé dans le tourisme scientifique nous accueille : « Ici, dit-il, nous voulons vulgariser les explications scientifiques des quelque 180 astrophysiciens permanents qui travaillent sur la physique théorique des astroparticules. L’objectif est d’élargir notre compréhension des lois fondamentales de la Nature en exploitant les synergies entre les observations astrophysiques et les expériences de laboratoire… Le GranTeCan (Gran Telescopio Canarias) est le plus grand télescope optique du monde avec trois grands miroirs. Il appartient à 90% à l’Espagne 5% Floride et 5% Mexique.
La loi des Canaries « Law of the Sky » protège le ciel de toutes les contaminations lumineuses depuis 1988 : lumières urbaines, industrielles et les avions qui n’ont pas le droit de survoler La Palma… Michel poursuit : « Le droit à un ciel nocturne non contaminé pour profiter de sa contemplation doit être considéré comme un droit inaliénable de l’humanité comparable à d’autres droits environnementaux sociaux et culturels. Cependant nous devons rester humbles à propos de ce que nous ne connaissons pas encore. Nous continuons, ici, nos observations pour percer les mystères de l’Univers ». Une visite vraiment intéressante à la fois ludique et pédagogique à recommander à tout vacancier en résidence sur l’île. En savoir plus : www.iac.es
Une vue imprenable sur la Caldera de Taburiente
Après les explications scientifiques, petite balade dans le Parc National de la Caldera de Taburiente. Un joli sentier a été aménagé conduisant à un mirador à la vue impressionnante. Un horizon à 360° offre un panorama splendide entrecoupé par la mer de nuages !
Ici, le patrimoine naturel est d’une valeur exceptionnelle. La fleur endémique aux îles Canaries s’appelle « Tajinaste ». Elle est rose ou bleue à La Palma (floraison en juillet) et rouge à Tenerife. En automne on l’appelle « squelette » car totalement dépourvue de ses clochettes ! (Sur notre photo ci-dessus au premier plan)
La Palma, paradis des randonneurs
L’île compte plus de 1000 km de sentiers balisés et routes forestières. Nous voici partis en randonnée à « Cubo de la Galga » l’un des sentiers les plus populaires de La Palma. Ici on peut admirer une forêt primaire de lauriers unique aux îles Canaries. C’est un écosystème hérité de la période tertiaire. Véritable ravin, le sentier au dénivelé conséquent est balisé et offre de nombreuses informations sur la faune et la flore. Lors de notre passage des pluies l’avaient rendu vraiment glissant et très boueux surtout sur le chemin du retour !
Tazacorte, au milieu des bananeraies
Après la fatigue de la randonnée, il fait bon de se poser dans ce charmant village, face à l’océan où l’on pourra déguster les produits de la pêche quotidienne sur le port ! Sur ce beau rivage noir les premiers conquistadors débarquèrent de Castille à la fin du 15ème siècle.
Curiosité : Tazacorte recèle le seul musée d’Europe consacré à la banane ! Celle-ci a d’ailleurs reçu (en 2013) un label d’indication géographique protégée « Platano de Canarias » mais l’éruption du volcan et la sècheresse menacent la production…
San Andrés et les piscines Charco Azul
Au Nord-Est de l’île, San Andrés se découvre derrière les bananiers. C’est un joli village, pavé, peu fréquenté où nous avons rencontré un séminaire de…pères (et mères) Noël ! En effet, les fêtes se préparent avec effervescence dans tous les villages de l’île ! La place principale bordée d’immenses palmiers offre une superbe perspective sur l’Océan. Il faut savoir que les bananeraies couvrent 50 km2 : c’est le fruit emblématique de l’île.
Ici, l’attraction principale est constituée par cet ensemble de piscines naturelles « Charco Azul » aménagées pour profiter des bienfaits de l’océan en toute sécurité.
Fuentecaliente et les salines
Nous sommes, pour notre ultime journée, sur la Route touristique « Los Volcanes » (des volcans) dont les laves ont été solidifiées après l’éruption de 1949 de la Cumbre Vieja.
Le phare de Fuentecaliente à l’extrémité sud est bien représentatif de l’île : lave récente consécutive à l’éruption de 1971 du Teneguia, création de la saline… C’est aussi la fin du GR 131 qui est le départ du fameux marathon de 72 km « Transvulcania » une course parmi les plus redoutées du circuit mondial d’Ultra Trail ! Ici poussent aussi les fameuses vignes de Malvoisie qui donnent aux vins locaux très prisés un arôme spécifique !
Les salines de Fuentecaliente sont un site « d’intérêt scientifique » car c’est l’unique centre de récolte de sel des Canaries mais aussi , depuis 1967, date de leur création, le lieu de passage de nombreux oiseaux migrateurs.
Au village Fuencaliente un arrêt s’impose dans ce bar appelé « Parada » qui fait aussi office de… biscuiterie ! Outre un petit café, una cerveza ou un bocadillo dans un décor vintage, on y découvrira ces délicieux biscuits « Mantecados » des genres de macarons aux amandes faits et emballés sous nos yeux. A rapporter dans ses valises évidemment !
Notre séjour s’achève… La Palma n’a pas livré tous ses secrets… Faudra revenir ! Site : www.visitlapalma.es
Textes & Photos Dany Antonetti / Copyright Novembre 2022
CARNET DE ROUTE
COMMENT VENIR ? La compagnie aérienne Iberia propose des connections pour La Palma avec toutes les villes de France via Madrid.
HEBERGEMENT : Hôtel H10 Taburiente Playa
Installé à 300 mètres de la plage de Los Cancajos, sur la côte est de La Palma, le H10 Taburiente Playa (spécialisé dans le « All Inclusive ») comprend 3 piscines extérieures, un sauna et un court de tennis. Tous les hébergements climatisés incluent un balcon privé, une télévision par satellite et une salle de bains privative. Le restaurant buffet sert des plats internationaux. Vous bénéficierez également de 3 bars, dont un snack-bar et un bar-salon avec live musique. Le littoral dans les environs de l’établissement est prisé pour la plongée sous-marine : un centre de plongée est situé juste à côté du resort. Site : h10hotels.com/en/la-palma-hotels
COUP DE COEUR : Restaurant Chipi Chipi à Las Nieves, une structure originale de petites salles raccordées entre elles par un luxuriant patio. On y goûtera le Gofio ou le Queso asado, fromage grillé typique ainsi que tous types de grillades (asado). Site : chipichipi.es
Connaissez-vous le Gofio ?
Le gofio est une céréale d’origine Guanche (habitants primitifs de l’île) à base de fèves grillées et de sel. A l’époque où les famines étaient courantes le gofio était la base de l’alimentation car riche en vitamines, fibres et minéraux. C’est un peu le symbole culinaire des îles Canaries. Mélangé à du bouillon de poisson il devient « Gofio escaldado »…
***MERCI à Miren Lizzaralde de l’O.T. d’Espagne pour l’organisation de ce reportage. Merci à Simon, notre guide anglo-américain et à Carmen la conductrice du mini-bus. Merci aussi aux journalistes qui l’ont illuminé par leur gentillesse et leur bonne humeur : Sylvie, Amanda et Xavier le « minot » de l’équipe !
Le « Draco » ou dragonnier des Canaries est un arbre endémique à ces îles. Sa résine rouge a été utilisée en plante médicinale depuis l’Antiquité.
Ses branches symbolisent le nombre d’années de vie de l’arbuste !