Drôme Provençale : le château de Grignan

Le village de Grignan, situé dans la Drome Provençale entre Montélimar et Nyons (à 80 km d’Avignon) est célèbre pour son château du 11ème siècle qui fut le lieu, (au 17ème siècle) où Mme de Sévigné rédigea la plupart de ses « Correspondances » avec sa fille. Balade dans le passé de ce prestigieux monument…

 

Construit sur un piton rocheux, il fut transformé en forteresse au 13ème siècle et appartint dès lors (1239) à la puissante famille Adhémar de Monteil. L’histoire de Grignan est mouvementée : démantelé à la Révolution, il fut reconstruit au début du 20ème siècle grâce à une riche veuve, Marie Fontaine. Depuis 1979, il est propriété du département de la Drome, « Monument historique » et labellisé Musée de France (1993).

Comment Madame de Sévigné arriva-t-elle à Grignan alors qu’à l’époque il fallait pas moins de 17 jours de « chaise à porteur » pour faire le voyage depuis Paris !

Un peu d’histoire…

Marie de Rabutin-Chantal, naît le 5 février 1626 place Royale dans le Marais à Paris. Orpheline à 7 ans, elle est élevée par son oncle, Philippe II de Coulanges. Elle reçoit une éducation libre et moderne, lisant les auteurs contemporains et se formant l’esprit dans les salons littéraires. A dix-huit ans, elle épouse Henri de Sévigné, issu d’une grande famille de Bretagne. De ce mariage naissent deux enfants, Françoise-Marguerite et Charles. Son mari meurt au cours d’un duel en 1651.  Dès lors, elle s’installe à Paris et participe à la vie mondaine.

Appréciée pour sa beauté et son esprit, elle est invitée à Versailles avec sa fille Françoise-Marguerite réputée pour être l’une des plus belles femmes de l’époque… En 1669, celle-ci épouse François Adhémar, Comte de Grignan. Tous habitent dans le même hôtel particulier dans le Marais, jusqu’au jour où le comte, nommé lieutenant général pour le roi en Provence, quitte Paris pour Grignan. Chagrinée par cette séparation, Madame de Sévigné écrit le 6 février 1671 sa première lettre à sa fille, deux jours après son départ pour rejoindre son mari.

Elle échange avec Françoise-Marguerite deux ou trois fois par semaine l’informant, et par là, nous informant, de la vie quotidienne à la Cour de Louis XIV. Cette correspondance est donc aussi le témoignage d’une époque !

Coucher de soleil sur le château de Grignan

Madame de Sévigné fait trois séjours au château de Grignan, d’une durée totale de quatre années : le premier entre juillet 1672 et octobre 1673 ; le second entre octobre 1690 et décembre 1691 ; le troisième entre mai 1694 et avril 1696. Elle partage la vie familiale et sociale des Grignan et découvre la Provence. Elle qualifiera Grignan de « Petit Versailles entouré de lavande ». Ses lettres ont permis de pénétrer dans le monde de la société de cour, de connaître ses relations sociales, les grandes affaires de l’époque… Décédée à Grignan le 17 avril 1696, elle est inhumée dans le caveau des Adhémar de la collégiale Saint-Sauveur jouxtant le château. 

La Collégiale Saint-Sauveur

La notoriété après la mort…

Ses premières lettres sont découvertes après sa mort dans les Mémoires et Lettres de son cousin Roger de Bussy-Rabutin. Elles seront ensuite éditées sans autorisation de la famille, puis en 1734 par un éditeur aixois avec l’accord de sa petite-fille, Pauline de Simiane.  Grâce à la diffusion de ses lettres, Madame de Sévigné est reconnue dès le 18e siècle comme un grand auteur.

La visite du château évoque le quotidien de Madame de Sévigné proposant anecdotes et informations ludiques sur la vie à la Cour du Roi Soleil. On visite les salons, le bureau, la chambre grâce à un guide dynamique, Thomas, qui sait bien partager sa passion pour le lieu et l’époque.

Histoire d’un Cid… pour les « Fêtes Nocturnes »

(Photo © Damien Chaillan)

Le département de la Drome organise les « Fêtes Nocturnes » depuis 1987. C’est donc leur 37ème édition. Cette année, et jusqu’au 24 août, venez redécouvrir le Cid : Jean Bellorini Directeur du Théâtre National Populaire de Villeurbanne, ravive Corneille à nos yeux comme à nos oreilles avec une adaptation du Cid. Perchés sur un château gonflable, les comédiens interprètent des personnages d’aujourd’hui et les héros de l’intrigue originale.

(Photo © Damien Chaillan)

« Ce projet artistique rencontre un écho particulier avec l’histoire du monument dans lequel il s’inscrit, explique le metteur en scène. La thématique est : comment aborder une langue ancienne de plus de quatre siècles pour un public contemporain ? Comment s’inscrire dans la continuité architecturale du Château de Grignan tout en le rendant accessible aux visiteurs du présent ? » Jean Bellorini relève la gageure de donner un éclat contemporain au texte de Corneille, faisant le pari qu’il en ressortira revigoré, dans le plus grand respect de la langue d’origine. 

 Rencontre avec… Arnaud Vincent-Genod

Arnaud Vincent-Genod est le nouveau Directeur Général des Châteaux de la Drome (Grignan, Montélimar et Suze-la-Rousse). Nous l’avons rencontré à l’issu de la représentation théâtrale. Ce natif de Touraine est, à 32 ans, juriste spécialisé en droit du patrimoine. « Ma mission, dit-il, est de mettre en place des projets extrêmement ambitieux de  nouveaux positionnements touristiques des trois sites avec à la clé une refonte scénographique. Je dois développer une politique d’animation et de médiation innovante pour les touristes et les locaux mettant particulièrement l’accent pour les familles. » Un beau challenge à relever entouré de sa quarantaine de collaborateurs !

Tous les renseignements concernant les animations du château et le spectacle sur le site : chateaux-ladrome.fr

Grignan : la belle fontaine du village

Dany Antonetti/ Photos Gérard Antonetti