ESPAGNE / Andalousie : la Feria de Malaga
La Feria de Malaga est l’un des plus fameux festivals populaires d’Europe du Sud. Sa tradition remonte à 1887 et près d’un million d’inconditionnels y convergent chaque année.
La Fête se divise en deux parties distinctes : la Feria de jour qui investit le coeur historique du centre ville et la Feria de nuit, à l’extérieur, dans un immense parc appelé « Real de la Feria » aménagé spécialement et uniquement pour le grand événement qui dure du vendredi précédant le 15 août (cette année le 12 août) jusqu’au dimanche d’après. Dix jours d’une ambiance folle et d’une joie de vivre communicative où se reflète tout l’esprit « andalouz » conjuguant l’amour du cheval (il est partout présent), celui du taureau de combat et de la musique. Nous avons assisté à la manifestation : récit de cette incursion dans la plus pure tradition espagnole !
Un immense cortège d’attelages et de cavaliers a envahi le Paseo del Parque et le Maire prend place à bord de son carrosse, « coche de caballos », littéralement mitraillé par les paparazzi locaux ! Le sentiment de vivre un grand moment se mêle à la fierté de « parader » au-dessus de la foule applaudissant sur le passage du long cortège de chevaux… Arrivés au sanctuaire, on est surpris par les danses et les chants qui s’y déroulent dans l’esprit « feria », dénotant avec l’austérité coutumière des chants liturgiques !
Le Musée Picasso en hommage au fils prodige de Malaga !
Le Conseil d’Andalousie a acheté le Palais des Comtes de Buenavista pour rendre hommage à l’œuvre de son citoyen le plus illustre, Pablo Picasso, né au 36 de la Plaza de la Merced en 1881. Son père, José Ruiz Blasco est peintre et professeur à l’école des Beaux-Arts de Malaga. Il est aussi Conservateur du Musée Municipal. Sa mère, Maria Picasso Lopez est d’origine italienne du côté de son père. Pablo est l’aîné de trois enfants : sa sœur Dolores naît à Malaga en 1884 et sa petite sœur, Concepcion, qui voit le jour en 1887, mourra quatre ans plus tard. Ce souvenir douloureux hantera toujours l’artiste qui la peindra sous le nom de « Maya ». Après une longue vie partagée entre l’Espagne et la France, Picasso s’éteint à Mougins (Côte d’Azur) le 8 avril 1973 laissant derrière lui une œuvre considérable. Il repose en Provence, près d’Aix, dans le jardin du château de Vauvenargues.
Le Palais des Comtes de Buenavista est un bâtiment historique – au cœur du vieux Malaga – caractéristique de l’architecture civile andalouse du 16ème siècle, un mélange d’éléments Renaissance et Mudéjar (Arabe). Grâce à certains agrandissements avec l’achat de bâtiments annexes, le musée Picasso, inauguré en octobre 2003 s’étend sur 8.300 m2. Le sous-sol minutieusement fouillé a fait apparaître des restes d’habitats phéniciens, romains et nazaréens qui ont été intégrés à la visite. Le projet a pu voir le jour grâce aux dons des descendants de Picasso notamment Christine y Bernard Ruiz-Picasso (sa belle-fille épouse de son fils Paul né de sa relation avec la danseuse Olga Kokhlova) qui a offert 133 œuvres et Bernard Ruiz Picasso (fils de Christine et Paul), 33 œuvres. A cet ensemble s’ajoutent un certain nombre de cessions gratuites renouvelables tous les dix ans. La collection compte 204 œuvres dont 42 peintures à l’huile, 11 sculptures ainsi que des dessins, gravures et céramiques. Elle englobe toutes les étapes de la création picturale du Maître. Le musée a été désigné comme Centre de vulgarisation de l’œuvre du peintre avec la bibliothèque, les archives, le département de l’éducation et l’auditorium. Dès sa première année d’existence, le Musée Picasso de Malaga est devenu le plus visité d’Andalousie avec 400.000 entrées. Internet : http://www.museopicassomalaga.org
Pas de Feria sans corrida !
La Plaza de Toros de la Malagueta date du 19ème siècle et a été édifiée au bord de mer. Malheureusement des immeubles ont été construits devant. On dit que c’est ici que le jeune Pablo Picasso puisa son inspiration tauromachique. La corrida moderne, telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui, à pied, avec l’épée et la cape rouge ou « muleta », date de la fin du 18ème siècle. Avant le matador combattait le taureau à cheval avec une longue lance. Les nouvelles règles furent établies à Ronda (Province de Malaga) par Pedro Romero (1754-1839) qui mis à mort 6.000 taureaux sans être blessé une seule fois ! Même si l’on n’est pas un fervent aficionado, il faut vivre l’expérience d’une corrida une fois dans sa vie, surtout en Andalousie… Ils sont si nombreux à aimer… Et avant eux les grands peintres (Goya en tête), les écrivains (se souvenir d’Hemingway…) ! Dans une corrida, il y a trois toreros qui vont affronter chacun deux taureaux. Nous verrons successivement combattre Jesulin de Ubrique, Finito de Cordoba et David Fandila dit « El Fandi », le plus populaire et le seul qui aura les honneurs de sortir par la « Puerte del Principe » (la porte d’honneur).
Le « mozo de estoques » (valet du torero) aide le torero à enfiler l’habit de lumière « traje de luces » : la cérémonie est exclusivement réservée aux hommes. Tout commence par un défilé haut en couleurs au son des pasodobles « el paseillo ». Tous les participants, les toreros et leur «cuadrilla » (les banderilleros chargés de planter les banderilles et les picadors à cheval) saluent la foule. Très pieux, le matador trace discrètement une croix avec son pied dans le sable de l’arène pour s’en remettre à Dieu… Les six taureaux d’une corrida doivent appartenir au même éleveur dont certains ont acquis des réputations mythiques… La suite, chacun d’entre nous a vu des extraits de corrida à la télé et l’appréciation est très subjective… Je pense néanmoins qu’il faut avoir acquis cette culture dès son plus jeune âge pour ne pas s’y sentir étranger !
Le « Real de la Feria » pour les Rois de la Fête !
Nous connaissions déjà l’ambiance « Feria » pour avoir participé à celles de Nîmes ou d’Arles… Là-bas, les manifestations se déroulent uniquement dans le centre ville débarrassé des voitures et dans les arènes. A Malaga, « la Feria off » est vraiment différente, inédite et grandiose… Le Real de la Feria est inauguré par le Maire de Malaga le vendredi soir à minuit avec l’illumination de la porte principale « Cortijo de Torres ». Des millions de lumières colorées (On se croirait à Las Vegas !) vous transportent alors dans le monde de la nuit andalouse : chaque « pena » (association culturelle, tauromachique, musicale, sportive…), chaque institution, possède sa bodega privée (son petit restaurant) richement décorée où vont se dérouler les festivités au son des musiques et chansons verdiales, malaguenas ou sevillanas…
Cerveza (bière), manzanilla (vin blanc légèrement pétillant) ou vino tinto accompagnent les tapas tandis que résonnent les airs de flamenco ! Toute la nuit la fête se déroule joyeuse et familiale grâce à la participation des enfants, des parents, des grands-parents… Le 15 août, la matinée est dédiée au défilé des chevaux à l’intérieur du Real : chacun arrive à cheval (ou à bord d’un attelage arnaché) revêtu du costume traditionnel. Les beaux pur-sang arpentent les avenues et s’arrêtent devant les bodegas : comme au temps des cow-boys, il y a de quoi attacher sa monture devant le « saloon »…
Pas de Feria sans gastronomie et sans vin !
Le bien boire et le bien manger font naturellement partie intégrante de la fête… Nous avons pu apprécier toute la diversité de la gastronomie locale au cours de ces quatre journées de feria. Les « tapas » ne sont pas une ancienne tradition, elles seraient apparues seulement à la fin du 19ème siècle à Séville alors que les consommateurs protégeaient leur verre (des mouches, de la poussière ou du gras qui dégoulinait des jambons accrochés …) en y posant une tranche de pain au-dessus (tapa = couvercle). Les barmen commencèrent alors à poser de la nourriture sur cette tranche de pain : le grignotage et la légende des tapas étaient nés ! A noter particulièrement la saveur du jambon cru qui se sert (en tapas) accompagné de délicieuses portions de fromage.
A Pedregalejo, ancien village de pêcheurs devenu quartier de Malaga, nous avons testé un « Chiringuitos », restaurant de plage, pour déguster les fameuses sardines à « L’Espeto » c’est-à-dire grillées sur la plage. On enfile les sardines sur une brochette en bois qui est ensuite plantée dans le sable face aux braises afin que la chaleur (et non les flammes) cuise le poisson. Le maître d’œuvre est « l’espetero » qui veille à la bonne cuisson. L’anchois « boqueron victoriano » se déguste à l’huile d’olive (omniprésente dans la cuisine andalouse), mais on le consomme aussi frit « fritura malaguena » en y ajoutant petits rougets et calamars . Autres plats typiques : le gaspacho andalou, une soupe à servir glacée, faite de tomate, de concombre et d’ail ; moins connue, la soupe « ajoblanco », un mélange d’amandes, ail, pain, vinaigre, sel et huile d’olive. Naturellement, les vins tiennent une place prépondérante et leur variété infinie (blanc ou rouge) ne se limite pas au fameux « Malaga » vin doux d’apéritif célèbre à travers le monde.
La Province de Malaga a tous les atouts : 320 jours de soleil par an, 40 terrains de golf, une variété de plages, de sports nautiques et terrestres, un arrière-pays aux Parcs Naturels déclarés « Réserves de la Biosphère » par l’Unesco où se pratique un tourisme vert, ses fêtes traditionnelles, sa gastronomie, son vin, ses centres de remise en forme, ses Palais de Congrès accueillant un tourisme d’affaires international. (visitacostadelsol.com)