« L’Anticyclone des Açores » apporte le beau temps en Europe… Mais où se situe cet archipel ? Combien compte-t-il d’îles ? De quel pays font-elles partie ? Nous sommes partis à la découverte de ces jardins perdus au milieu de l’Atlantique…
L’Archipel des Açores comprend 9 îles qui s’étendent en plein Océan Atlantique à 1.460 km des côtes portugaises et à quelque 3.750 km de celles des USA. Elles appartiennent au Portugal et sont gouvernées depuis 1976 en Région Autonome.
Réparties en 3 groupes – Oriental avec Sao Miguel et Santa Maria ; Central avec Terceira, Graciosa, Sao Jorge, Faial et Pico et Occidental avec Flores et Corvo – elles sont parmi les îles les plus récentes de la planète surgies de fosses marines dépassant les 6.000 mètres. Nées d’une chaîne de volcans sous-marins à l’activité débordante, preuve du bouillonnement intense de la terre, elles voient leur structure évoluer à chaque secousse sismique ou éruption volcanique de forte intensité. Nous avons visité successivement Faial, Pico, Sao Miguel et Terceira… Chacune différente mais toutes passionnantes !
Dès le 14ème siècle les Açores sont mentionnées sur les cartes des navigateurs et le rapprochement avec l’Atlantide que Platon situe « au-delà des colonnes d’Hercule » permet la naissance de bien des légendes et hypothèses.
Les premiers Portugais qui débarquèrent vers 1427 furent impressionnés par les oiseaux ressemblant à des éperviers, les autours (açor en portugais) qui hantaient ces îles mystérieuses : le nom de ces drôles de volatiles est resté pour désigner l’archipel. Les Açores ont joué un rôle important dans l’histoire de l’Atlantique et leur renommée vient du fait qu’elles ont toujours été une escale obligée dans les traversées transatlantiques entre l’Ancien et le Nouveau Monde.
Perdues au milieu du redoutable Océan, les îles « du bout du monde » comme on les qualifiait au Moyen Age, sont redevenues « oubliées » avec l’ère de l’aéronautique. Trop éloignées et dépourvues de plages pour attirer le tourisme, elles ont été préservées et gardent leur authenticité… Ici, la vie s’écoule au fil des saisons pour 250.000 habitants dont la moitié vivent à Sao Miguel. Agriculture et élevage sont leurs ressources principales : on recense 2,5 millions d’animaux de ferme dont 7.000 chevaux. La nature a façonné de ses caprices la terre volcanique pour élever le plus haut sommet du Portugal, le Pico, à 2.351 mètres… Elle a fait surgir les geysers et déplacé les montagnes… Les hommes, eux, ont ramené de leurs voyages des plantes luxuriantes et extraordinaires qu’ils ont fait pousser à profusion : ananas, hortensias, azalées, ficus, palmiers, orchidées, tilleuls de France, cèdres du Liban ou autres camphriers du Japon… qui font de ces îles de véritables jardins.
Si le climat des Açores est capricieux et changeant, on dit ici « qu’il y a quatre saisons en un seul jour », la température est clémente tout au long de l’année (14° en février et 22° en août) et seul, le sommet du Pico, se coiffe en hiver d’un petit chapeau blanc.
Faial, l’île Bleue est la plus connue
des plaisanciers du monde entier
Faial , avec ses 21 km de long et 14 km de large est proclamée « île Bleue » à cause de la profusion d’hortensias qui y fleurissent entre juin et août. Elle doit son nom aux hêtres (faia en portugais) qui recouvrent les pentes du cône de Caldeira. Les premiers hommes débarqués à Faial étaient des Flamands (avant les Portugais) qui voulaient échapper à la Guerre de 100 Ans (1466) avec à leur tête le Capitaine Josse van Huerter (d’où la déformation en Horta). Le Prince Albert 1er de Monaco, grand voyageur et explorateur émérite, séjourna aux Açores plusieurs fois. Au cours de ses recherches, il observa que le système de haute pression des Açores influençait le temps en Europe… La météorologie est née en 1893 aux Açores lorsque Lisbonne fut reliée à Faial par un câble télégraphique. Huit ans plus tard était créé le premier bulletin météo.
Horta : les fresques des marins et le Café des Sports
Il y a bien longtemps que les marins marquent leur passage au port de Horta par des fresques sur les pavés et les murs du port. La légende dit que celui qui quitte l’île de Faial sans avoir commis son dessin n’aura pas une bonne chance dans la poursuite de son voyage ! Les marins étant superstitieux, le résultat est spectaculaire…
On ne visite pas Horta sans s’arrêter chez Peter créé par l’arrière-grand-père de l’actuel propriétaire en 1918 : c’est l’incontournable « Café des Sports » où s’arrêtent tous ceux qui font escale à Faial avant de continuer leur Transatlantique. Ils y trouvent même une « poste restante » où sont laissés les messages…
Outre l’ambiance chaleureuse des loups de mer, on visite l’intéressant musée de la maison où la famille Azevedo accumule depuis cinq générations des gravures sur dents de cétacés appelées « Scrimshaws ». A souligner aussi les gravures sur mâchoires de cachalots.
L’îlot Capelinhos qui est sorti des eaux en 1957 est l’une des plus jeunes terres du globe : il a surgi de la mer le 27 septembre 1957 rendant complètement incongru le phare qui dominait jusqu’alors l’horizon (Musée dans le phare en cours d’aménagement). Le tremblement de terre fut d’une intensité de 7,8 sur l’échelle de Richter (qui compte 8° !) et il y eut entre mai et juin 1958, plus de 580 secousses !
Pico, sa vigne et son volcan
L’île de Pico est très proche de Faial et on atteint le port de Madalena après une petite heure de bateau. Longue de 42 km et large de15 km de large, Pico est la 2ème île de l’archipel par sa superficie mais elle est peu peuplée et exclusivement sur la côte. Le sommet de Pico est un cône parfait aux pentes régulières accessible par un chemin de randonnée (7 heures à pied pour en faire le tour). Avec ses 2.351 mètres, c’est le point culminant du Portugal.
L’activité volcanique se traduit par les « misterios », coulées de lave refroidies constituant des paysages lunaires noirs sur lesquels la main de l’homme élève une vigne étonnante protégée des agressions océaniques par les « currais », petits murs de basalte contrastant avec le vert des ceps. Cette spécificité vaut au vignoble de Pico d’être inscrit au « Patrimoine Mondial de l’Humanité » de l’UNESCO. La Coopérative de Pico a été créée en 1994 et le vin « Verdelho » – qui faisait déjà le régal des tsars voici 200 ans – est désormais exporté dans le monde entier sous l’appellation « Terras de Lava ». La viticulture contribue largement au développement économique de l’île. En 1996 a été créé le « Parc Protégé du Paysage du Vignoble de Pico » qui exprime toute l’originalité de l’activité sur plus de 3000 hectares incluant l’héritage culturel de l’habitat reconstitué en écomusée. Ici évoluent aussi une faune et une flore endémiques.
Pico est aussi l’île des baleiniers. A Sao Roque Do Pico, l’ancienne usine de transformation de la baleine (l’activité a cessé depuis 1984) sert de centre d’interprétation. Le monument, face à la mer, est dédié à ceux qui ont laissé leur vie dans le combat terrible mené contre les grands cétacés. Aujourd’hui, plusieurs prestataires proposent aux touristes des sorties en mer pour l’observation pacifique de ces géants des mers.
Sao Miguel, capitale et « Ile Verte »
On quitte Pico par les airs car notre prochaine étape, Sao Miguel, est située environ à 300 km de là mais à une petite heure de vol seulement.
Sao Miguel, la plus grande île (65 km de long et 16 km de large), est aussi la plus peuplée et la plus visitée. C’est l’île verte formée de deux massifs volcaniques séparés par une cordillère centrale de faible altitude. Son point culminant, Pico de Vara, à 1.080 mètres d’altitude, fait partie du massif oriental. Les grands cratères volcaniques, Sete Citades, Fogo ou Furnas renferment de superbes lacs aux eaux cristallines.
C’est aux lacs des Sete Citades que, selon la légende, seraient ensevelies les sept îles de l’Atlantide. Les deux lacs, l’un vert, l’autre bleu, prennent curieusement la forme de l’infini mathématique. On dit que les couleurs sont dues aux amours contrariées d’une princesse et d’un berger dont les larmes, bleues pour la princesse aux yeux bleus, et vertes pour le berger aux yeux verts auraient rempli les lacs…
Ponta Delgada, capitale et port principal, joua, dès le 16ème siècle, un rôle majeur aux Açores. C’est aujourd’hui l’un des Centres Administratifs de la Région Autonome et le pôle principal de l’Université des Açores. L’emblème de la ville est la porte aux trois arches construite en 1783 qui saluait l’arrivée des nouveaux migrants.
Dans le couvent de Nossa Sanhora da Esperança (Notre Dame de l’Espérance), le Cristo dos Milagres (Christ des Miracles datant de 1541) fait l’objet d’une dévotion particulière. La légende dit qu’au 16ème siècle, de jeunes religieuses auraient voyagé jusqu’à Rome pour obtenir l’autorisation du Pape de fonder un couvent. Celui-ci les autorisa et leur offrit en cadeau cet « Ecce Homo » auquel furent attribués des miracles. Il devint l’objet de pèlerinages au cours des siècles. La grande fête se déroule le 5ème dimanche après Pâques et de nombreux Açoriens expatriés font le déplacement.
A Sao Miguel, on cultive sous serre un excellent ananas mais aussi le thé ou encore le tabac. L’unique plantation de thé en Europe est celle de Chà Gorreana (Chà signifiant Thé en portugais) opérationnelle depuis 1883. La méthode est celle du brûlage des feuilles pour obtenir un thé traditionnel. Le coût de production est plus élevé et ce thé, rare, fait la joie des amateurs.
A Furnas, le pot-au-feu « cozido das furnas » cuit sept heures dans les entrailles de la terre ou « caldeiras ». Il est ensuite déterré pour faire le régal des autochtones et des touristes…
Après la dégustation, le Parc de Terra Nostra, avec sa végétation luxuriante, sera un lieu privilégié de promenade. L’origine de ce parc date de 1780 quand Tomas Hickling, originaire de Boston, fait ériger sa résidence d’été « Yankee Hall ». Après le milieu du 19ème siècle, le jardin est agrandi et reçoit des essences lointaines : Amérique du Nord, Nouvelle Zélande, Chine, Afrique du Sud…Un grand bassin d’eau ferrugineuse tiède est accessible pour la baignade.
La belle cascade d’eau ferrugineuse de la Caldeira Velha tombe dans une piscine naturelle. Le petit chemin qui y mène est luxuriant formé d’une végétation tropicale aux fougères arborescentes.
Ribeira Grande est la 2ème ville de l’île. Très ancienne, elle fut créée en 1507. La rivière, aux eaux abondantes, lui a donné son nom et les premiers colons s’y installèrent pour moudre les céréales puis, plus tard, transformer le pastel. Aujourd’hui c’est une bourgade paisible dotée d’un « Jardin du Paradis » dont les canaux en pierre laissent deviner la présence d’anciens moulins. La façade de l’église « Espirito Santo » est la plus originale des Açores (18ème)
Une grosse demi-heure de vol, et nous voilà à Terceira – la 3ème en portugais – c’est donc l’île découverte en 3ème position ! Elle fait 29 km de long et 17,5 km de large. Sa ville principale, Angra do Heroismo, au fond de la baie, a été déclaré Patrimoine Mondial de l’UNESCO en 1983 grâce à son centre historique intimement lié aux Grandes Découvertes qui a été fidèlement reconstitué après le terrible séisme qui a secoué Terceira en 1980.
Ici fut enterré le frère de Vasco de Gama, Paulo, lors du retour du 1er voyage en Inde. Pour parler des navigateurs et de leurs aventures souvent tragiques, de nombreux trésors gisent autour des côtes açoriennes : tous les navires, galions et caravelles qui y firent naufrage au cours des siècles gardent leurs secrets au fond de l’Océan !
Angra do Heroismo se traduit littéralement par « anse de l’héroïsme ». Pourquoi cette anse est-elle héroïque ? Parce que l’île a toujours combattu pour son indépendance malgré tous les pirates qui la menacèrent au 17ème siècle. Ses murailles comptent parmi les plus infranchissables d’Europe. C’est la Reine Marie II qui renomma la ville, ainsi que Praia da Vitoria pour honorer la bravoure des habitants de Terceira face à l’envahisseur.
Le centre ville offre des rues quadrillées aux façades colorées très typiques de la Renaissance. La cathédrale s’intègre dans le mouvement architectural de l’époque. Au-dessus de la ville s’élève le Monte Brasil : un « Padrao » y commémore les Grandes Découvertes.
Le Palais des Capitaines Généraux (ex couvent Jésuite du 17ème siècle) abrite les services du Gouvernement Régional mais offre aussi un important espace « Musée » aux visiteurs qui peuvent y découvrir les premiers appartements du Capitaine Général ainsi que la chambre où dormit le roi Dom Pedro IV lors de son séjour dans l’île. Beaux meubles d’époque et belles salles décorées.
Les paysages lunaires de lave « Biscoitos » sont le royaume de la plongée et des piscines naturelles crées par les coulées de lave.
A Praia da Vittoria : On visite le musée vinicole « Museu do Vinho dos Biscoitos » « Dans cette cave renommée, le visiteur trouve le bon Verdelho.
S’il vous reste du temps : visiter la grotte d’Algar do Carvao très bien aménagée. La descente de 90 mètres de profondeur dans la cheminée volcanique donne accès à une large salle voûtée où s’étale un lac aux eaux cristallines. Internet : http://sram.azores.gov.pt
Les « Imperios » du Saint Esprit
Ces petites chapelles colorées (On en compte 68 à Terceira) sont représentatives de l’Art Populaire mis au service de la religion catholique. Appelées Imperios ou Teatros, elles ont été édifiées à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle. Elles portent toutes sur leur façade une colombe, symbole du Saint Esprit et leurs décorations viennent de l’inspiration de leurs créateurs. Les fêtes du Saint Esprit sont parmi les plus fréquentées des Açores et se déroulent le 8ème dimanche après Pâques. C’est l’occasion pour tous d’être solidaires et de déguster en communauté « l’alcatra » sorte de daube de bœuf longuement mijotée.
Les Açores, royaume de la randonnée et de toutes les activités sportives…
Que vous souhaitiez gravir le cône volcanique du Pico (2.351 mètres) ou faire des balades moins longues, les Açores déroulent à vos pieds des kilomètres de sentiers de randonnée bien balisés qui vous conduiront au paradis entre lacs, paysages volcaniques ou vallées fleuries entre terre et mer… Sans oublier l’observation d’une flore et d’une faune endémiques véritable régal des botanistes et zoologistes. Tous les tracés sont recensés sur des fiches techniques très bien faites et disponibles gratuitement sur place auprès des offices de tourisme.
Parmi toutes les autres activités disponibles aux Açores : chasse, promenade en bateau, golf grâce au climat tempéré toute l’année, promenades à cheval, voile, plongée et observation des fonds marins, observation des cétacés, pêche sportive, promenades en scooter, VTT et 4×4, surf et planche à voile, parapente, spéléologie autour du volcanisme… Informations auprès de la Direction Régionale du Tourisme des Açores :
http://www.drtacores.pt ou auprès de l’Office du Tourisme du Portugal en France :
http://www.visitportugal.com
Texte : Dany Antonetti
Photos : Eric Beracassat
CARNET DE VOYAGE : BONS PLANS
Transport :
TAP Air Portugal qui possède un site de réservation en Français et propose des vols avec escale à Lisbonne :
http://www.flytap.com
Hébergement : à Faial : Hôtel Do Canal (4*) sur le port ; à Sao Miguel : Hôtel Avenida (4*) à Ponta Delgada et à Terceira « Angra Garden Hotel » (3*) au cœur de la ville, sur la Place de la Mairie. De nombreuses propositions sont faites par les « Pousadas » (hôtels de charme du Portugal) sur le site
http://www.pousadas.pt tandis qu’une Association de tourisme en espace rural recense toutes les chambres chez l’habitant :
http://www.casasacorianas.com
Remerciements à
Maria Helena Moraqui a organisé ce voyage pour l’Office du Tourisme du Portugal (
http://www.visitportugal.com)
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