VIVRE AU QUÉBEC (Fin)
Habiter à Ahuntsic à Montréal, aller aux Marchés Jean Talon et Atwater, rencontrer Robert au « Havre aux Glaces », faire une escapade – avec lui et Juli – à l’érablière en Mauricie, revenir au Festiblues du Parc d’Ahunstic et terminer nos vies de Québécois dans les Laurentines chez Doris et Jocelyn… Un beau programme qui laisse juste l’envie de revenir vite à Montréal !
Chez Diane et Jean à Ahuntsic
Désormais nous avons changé de maison, et de quartier aussi ! Nous sommes revenus de l’autre côté du pont Jacques Cartier à Ahuntsic… L’anecdote de cette nouvelle installation prouve bien la gentillesse naturelle des Québécois : au début de notre séjour, à la soirée « 5 à 7 » passée chez Bernard et Francine nous avions rencontré Diane et Jean qui partaient en vacances aux USA… Ils nous avaient proposé (sans nous connaître !) de prendre possession de leur maison en leur absence car notre « échange » à Longueil prenait fin le 29 juillet et il nous restait encore 15 jours à séjourner au Québec… Nous avons accepté avec plaisir leur invitation pour continuer à vivre nos vies de Québécois totalement intégrés ! Qu’ils soient ici remerciés encore pour toutes ces belles découvertes faites durant ces deux dernières semaines passées chez eux…
Au Marché Jean Talon avec Robert
Par la voie cyclable de l’Avenue Christophe et avec les vélos de nos hôtes, nous atteignons le Marché Jean Talon où nous avons rendez-vous avec Robert Lachapelle, notre ami mais aussi l’une des figures emblématiques du marché grâce à sa boutique « Le Havre aux Glaces ». Avant d’en venir à ce palais de la gourmandise, Robert nous propose une « visite guidée »…
« Jean-Talon, c’est le marché à ciel ouvert le plus important d’Amérique du Nord : On vient le visiter de partout dans le monde ! dit-il. Il fut inauguré en 1933. Son noyau original est formé d’un bâtiment de petite taille auquel on accède aussi bien par le nord que par le sud. L’édifice central, appelé le « chalet » est un petit bâtiment décoré de motifs art déco et doté d’une horloge en façade. Ce marché public (Il y en a 4 à Montréal) a comme devise « De ma terre à votre table… » c’est-à-dire que les vendeurs sont directement les producteurs ! Au fil des saisons, il y a un minimum de six arrivages inspirés des cycles que Mère Nature nous fait vivre : produits de l’érable et œufs à Pâques, fleurs à la mi-mai, fraises à la fin juin, récolte à la fin août, courges et citrouilles en octobre et sapins en décembre… Mon idée, pour les glaces et sorbets, est de restituer le goût du fruit frais que j’ai acheté à mes confrères… » En disant cela, il choisit une caisse de belles mangues à l’étalage de « Chez Nino ». Nous visitons ensuite le « Marché des Saveurs » où tous les artisans québécois déposent leurs produits du terroir qui vont des confitures aux fromages en passant par les micro-brasseries de bière (Très populaires), les charcuteries, les vins et alcools, les produits de l’érable… En ce moment, c’est la saison des baies et les fraises, framboises et myrtilles (Oups ! excuses à Jocelyn : bleuets !) sont si appétissantes qu’elles donnent vraiment l’envie de succulentes tartes ou de gelati home made by Robert !
Le Havre aux Glaces
Last but not the least… c’est le moment – tant attendu ! – de connaître un peu mieux Robert et son royaume des glaces ! Touche à tout incroyable, Robert, la cinquantaine radieuse, nous explique comment il en est arrivé à s’intéresser à la glace, lui qui était fiscaliste et n’avait aucune idée de cette filiale : « Je suis un voyageur-né, dit-il, et en 2002, avec ma femme, Juli, et mes deux fils nous sommes partis pour une année sabbatique faire un tour du monde à la voile…Après avoir longé les côtes d’Amérique du sud, j’ai rencontré, au Bélize, un Belge qui faisait des sorbets… L’idée à commencer à s’installer dans ma tête et, revenu à Montréal, j’ai eu l’opportunité d’acquérir cet emplacement sur le Marché Jean Talon… J’ai longuement étudié les méthodes de fabrication, l’équipement dont j’avais besoin…Et, de lectures en informations et conseils de spécialistes, j’ai créé mes premiers sorbets…La clientèle a suivi. Mettant l’accent sur l’authenticité du fruit, je développe les arômes au fil des saisons proposant en permanence 24 crèmes glacées ou sorbets différents. Je veux travailler les matières premières toujours plus à la base et c’est pour cela que j’ai acheté, en 2009, l’érablière que nous aurons le plaisir de vous faire visiter !
Passée la saison estivale, notre Maître-Glacier, personnage charismatique, foisonne d’idées originales pour adapter ses glaces aux événements de l’année : l’an dernier, ses bûches de Noël n’ont pas pu répondre à la demande ainsi que ses jolis œufs de Pâques colorés… Il a gagné récemment le 1er Prix des « Créatifs de l’Erable » avec ce magnifique gâteau (Notre photo) au caramel brûlé d’érable, à la nougatine à l’érable et aux amendes… « C’est une œuvre collective, dit-il, imaginée avec Richard (son frère) et Vincent. L’idée est de travailler ce qu’il y a d’intéressant sur le marché avec les saisons. Mais les classiques doivent rester là toute l’année : vanille, sorbet framboise, glace chocolat… En plus des glaces et des sorbets j’insiste sur la qualité du service. Nous travaillons en équipe et la vie à bord est importante : il faut que tous soient en osmose. Nous avons la réputation d’être très accueillants : c’est un élément essentiel pour moi ! Aussi important que la qualité des glaces affirment les jeunes vendeuses, Camille et Virginie… Je veux remonter à la source du produit le plus possible… Je n’ai pas encore eu le temps de travailler sur le poulailler, poursuit-il rieur, (Pour les œufs, précise Sophie, la pâtissière !) et les plantations de vanille… Faire la navette avec un voilier pour aller chercher ma vanille en Papouasie Nouvelle Guinée… La navigation marchande à voile, ça me tenterait vraiment : je vais proposer à mon voisin qui importe ses épices ! Robert avoue ne pas avoir jeté l’ancre définitivement… Il aime bien déléguer et un de ces jours, c’est sûr, il va rembarquer sur son voilier avec Juli pour laisser à d’autres le secret des sorbets !
En ce qu’il nous concerne, la dégustation fut un moment d’excellence et le choix impossible de dire quelle est la meilleure… Mais, tout de même, personnellement la glace à l’érable et au caramel brûlé d’érable… C’est pas racontable ! « Ecoeurant » comme on dit ici… (Ecoeurant – avec l’intonation – signifie « Trop Bon » ! et pas « dégueulasse » comme chez nous !).
Découvrir l’Erablière des Quatre-Versants
Changement de région, changement de décor…On quitte Montréal par l’Autoroute 40 vers La Tuque puis direction la Route 155 pour se rendre en Mauricie (2 heures 30 de Montréal). L’Erablière se trouve au bord du Lac Mékinac et on l’atteint après 15 km de piste non revêtue. C’est un grand chalet de bois rustique mi-maison d’habitation et mi-laboratoire de transformation de la sève d’érable en produits dérivés : sirop d’érable, beurre d’érable, sucre, tire, sorbet à la neige d’érable…
Mékinac signifie « tête de tortue » en langue amérindienne : référence à un long promontoire – au milieu du lac – qui aurait la forme du lent animal… Encaissé entre de hautes montagnes, le lac Mékinac reçoit des chalets sur un seule de ses rives. Son plan d’eau est renommé pour les promenades en bateau et en kayak. Les plaisanciers apprécient de remonter les quelques tributaires du lac Mékinac, notamment la rivière du Milieu aussi appelée rivière aux brochets. Son long parcours est très méandré. Côté pêche, on peut y attraper des ouananiches (un saumon d’eau douce) au début du printemps, mais aussi des brochets, des maskinongés, de la perchaude, de la truite grise… Mais ce qui nous intéresse, aujourd’hui, c’est la récolte de la sève des arbres que va nous expliquer Robert in situ : « La technique était déjà en partie maîtrisée par les populationsautochtones bien avant l’arrivée des Européens. Ils s’en servaient comme aliment tonique. De nombreuses légendesamérindiennes le mentionnent !
C’est un sirop produit à partir de la sève brute ou « eau d’érable » du début du printemps concentrée par ébullition. Lesacériculteurs (c’est ainsi qu’on les nomme) collectent l’eau d’érable au début du printemps lorsque les nuits de gel sont suivies par des jours de dégel (température diurne positive, journée idéalement ensoleillée, et température nocturne négative). Ici, on appelle cette période le « Temps des Sucres ». Une entaille dans le tronc permet de récupérer l’eau d’érable (liquide qui contient environ 2 % à 3 % de sucre) par un système complexe de tuyaux. Ce sucre (essentiellement du saccharose) provient des racines de l’arbre. Au printemps, il monte sous l’écorce dans la totalité de l’arbre afin de fournir l’énergie suffisante pour relancer son métabolisme. L’eau d’érable (ou sève brute) est différente de la sève élaborée. Celle-ci, nettement plus chargée en minéraux et molécules organiques complexes, ne remonte par les racines que lorsque le métabolisme de l’arbre est relancé. L’arrivée de la sève et de son goût amer marque la fin de la récolte d’eau d’érable.
On ne récolte jamais l’eau d’un érable dont le tronc fait moins de 20 cm de diamètre. La règle générale est d’attendre jusqu’à 45 ans après la plantation d’un érable avant de commencer à récolter son eau. Cependant, un érable à sucre peut vivre jusqu’à 300 ans, voire davantage. Il peut donc donner de l’eau à chaque printemps pendant un grand nombre d’années ! »
Le site est magnifique et nous décidons de faire une petite randonnée à travers cette belle forêt qui comprend aussi d’autres espèces d’arbres comme, par exemple, des résineux… L’une des passions de Robert et Juli est la cueillette des champignons : ils ne seront pas déçus puisque nous aurons notre quota de chanterelles repérées par eux pour le repas du soir que nous partagerons au bord du lac chez les parents de Juli, Louise et Réjean… Cette belle balade sera pourtant interrompue brutalement par le harcèlement incessant d’insectes piqueurs (des mouches à chevreuil !) qui auront raison de notre enthousiasme par la virulence de leurs attaques… Je le savais qu’il n’y avait pas de paradis !
Rencontrer Bastien Baker au Festiblues d’Ahuntsic
Retour à Montréal après la parenthèse « Erablière ». Ce soir nous allons à la Conférence de Presse du Festival de Blues (8/11 Août) pour jouer au « journaliste local » ! L’occasion d’interviewer Bastien Baker, nouvelle coqueluche des charts européens et qui chante pour la première fois au Canada. Bastien Kaltenbacher est de nationalité suisse, né le 20 mai 1991 à Lausanne. Il est auteur-compositeur-interprète et son premier album « Tomorrow may not be better » a fait un carton en Suisse mais aussi en France où il a acquit sa notoriété grâce à l’émission de TF1 « Danse avec les Stars » : il y était candidat à l’automne 2012. D’abord voué à une carrière de hockeyeur (Il est venu jouer au hockey à Montréal lorsqu’il était ado), il s’oriente vers la musique dès 2010. Beaucoup de projets immédiats : A 22 ans Bastian se prépare à sortir son second album « Too old to die young » et à remplacer Quentin Mosimann dans l’édition belge de « The Voice ». C’est en tant que coach cette fois qu’il officiera sur le télé crochet belge ! Un jeune homme sûr de lui, charismatique, déjà grand pro de la scène… Bref, un avenir tout tracé pour ce beau garçon qui affole déjà les magazines « people » !
Le « Festiblues » a tenu toutes ses promesses avec le retour au blues de Garou grâce à son nouvel album Rhythm’n Blues et qui a fait un triomphe sur scène. La soirée de clôture a mis à l’honneur Bob Walsh (accompagné de ses musiciens dont Guy Bélanger) qui a réservé aux festivaliers un spectacle créé spécialement pour l’événement où se sont succédé des invités de marque comme Melissa Bel, Nanette Workman et Martin Deschamps. La musique fait partie intégrante du quotidien des Québécois !
Finir l’immersion dans les Laurentides
Doris et Jocelyn sont les premiers amis que nous ayons eus au Québec : nous nous étions rencontrés… sur un motoneige voici treize ans alors que nous faisions un reportage dans la Région de Charlevoix. Etant hébergés dans le même hôtel, l’Auberge de la Miscoutine » nous avions « jasé » longtemps au coin du feu et échangé nos cartes de visite autour d’un verre…ou plusieurs ! Depuis nous ne nous sommes plus quittés et entretenons une fidèle amitié ! C’est naturellement avec eux que nous avons débuté et que nous finirons ce voyage.
Le chalet de l’Esterel est un endroit de rêve qui pourrait entretenir l’idée du Canada mythique avec l’image de carte postale au bord du lac. Jocelyn possède tous les ustensiles nautiques qui feraient pâlir d’envie tout postulant à la baignade : ponton privé, bateau à moteur, pédalo, jet ski pour pratiquer le ski nautique… et une terrasse au panorama idyllique où la convivialité est de règle ! Ici, le week-end, des « parties » sont organisées par Kim et Marie-Eve (leurs filles) sur le principe suivant : chacun mène sa bouffe et tout le monde se met à la table commune… Ainsi, nous nous sommes retrouvés à une trentaine de participants sans que la maîtresse de maison ait à s’occuper de l’intendance : un concept pratique pour tous et qui crée une belle ambiance ! Le jet ski a beaucoup fonctionné et le bateau du Capitaine Jocelyn promené les invités qui se pressaient sur la passerelle d’embarquement… Bref, une belle journée pour clôturer ces quarante jours d’immersion au Québec !
Notre prochain squat !
Doris et Jocelyn ont la passion du déménagement…ils viennent d’acquérir cette magnifique maison située sur le golf de Balmoral à Morin-Heights dans les Laurentides : ce sera notre prochain « squat » quand nous reviendrons à Montréal ! Pas mal, non ?
*** Nous tenons à remercier tous les gens que nous avons rencontrés au Québec et en particulier ceux que j’aurais oublié de mentionner… Je pense notamment à Doris et Jean-Claude (amis de Juli) chez qui nous avons passé une journée mémorable à Saint Hippolyte (Laurentides) malgré une pluie battante, à jouer aux dés, à faire une pétanque entre deux averses (et voir les filles victorieuses des garçons : un événement !)… à se marrer autour d’un succulent dîner concocté par notre hôte décoré aux fleurs du jardin ! Merci à Robert qui nous a prêté son char quand nous en avions besoin… Merci aussi à lui et Juli pour nous avoir présentés à tous leurs amis et trimballés partout ! Merci à France et Fernand pour leur accueil à Port au Persil ; Merci à Louise et Réjean pour leur accueil dans leur chalet du Lac Mékinac ; Merci à Diane et Jean pour leur jolie maison d’Ahuntsic ; Merci à Doris et Jocelyn pour leur amitié indéfectible ! Encore mille mercis à tous et à bientôt… chez nous, en Provence !
FIN DES 5 REPORTAGES SUR MONTRÉAL ET LE QUÉBEC RÉALISÉS PAR
DANY ANTONETTI POUR LES TEXTES ET GÉRARD ANTONETTI POUR LES PHOTOS